Unschooling à l’école du bruit
Pour faire monter la mayonnaise, on a bien envie d’écrire que ce jeune groupe de Rouen est la réponse française à la vague de groupes anglais comme Squid ou Black Midi qui associent la furie du punk et des constructions savantes dérivées du jazz. Sauf qu’on sait trop ce que vaut ce genre de formule. D’ailleurs, euxmêmes se revendiquent plutôt du groupe canadien Women, actif entre 2007 et 2012, et le boucan qu’ils pratiquent, surjouant les dissonances et la spontanéité «free» tout en respectant les mélodies, est une tradition qui a déjà pris bien des formes, au moins depuis la no wave new-yorkaise à l’aube des années 80. De toute manière, Unschooling, que l’on peut traduire par «déscolarisé», n’a manifestement pas envie de se revendiquer d’une quelconque tradition. Leur rock autodidacte chanté en anglais serait plutôt du genre à rejeter les formules pour revendiquer sa liberté dans un bordel aussi jouissif que tonique. Les cinq titres parus le 16 avril sous le nom de Random Acts of Total Control ne sont pas véritablement l’acte de naissance d’Unschooling puisque le groupe s’était déjà manifesté en 2019 avec un premier album sorti sur cassette au son encore très brouillon, qui semblait pas mal inspiré par le Sonic Youth d’Evol ou Sister. Il a bien mûri depuis. A noter que le guitariste-chanteur Vincent Février, qui fit un bref passage au sein de MNNQNS, un autre groupe de Rouen qui a pris un envol national, est également responsable des visuels (clip et pochette) eux aussi très libres d’Unschooling.
Random Acts of Total Control (Howlin’Banana Records)