Aux Etats-Unis, l’Oklahoma restreint à son tour le droit à l’avortement
Accablées mardi après la révélation par Politico du projet de la Cour suprême de revenir sur la jurisprudence Roe v. Wade qui garantit le droit à l’avortement, les Américaines ont appris mercredi la promulgation par le gouverneur de l’Oklahoma, le républicain Kevin Stitt, d’une loi anti-IVG ultra-restrictive, qui entre en vigueur immédiatement. Le texte, baptisé «loi du battement de coeur» par ses partisans, a été approuvé jeudi dernier par le Parlement. La nouvelle législation est bâtie sur le modèle de celle du Texas, l’une des plus répressives du pays. Elle vise à faire de l’Oklahoma «l’un des Etats les plus pro-vie», selon Kevin Stitt. Désormais, l’avortement est interdit dès la détection d’une «activité cardiaque» du foetus, soit après environ six semaines de grossesse (avant que la plupart des femmes comprennent qu’elles sont enceintes), y compris en cas de viol ou d’inceste. Les seules exceptions portent sur les cas d’urgence médicale. Comme au Texas, les citoyens pourront attaquer au civil toute personne qui pratique un avortement ou aide une femme dans son parcours. Les accusés pourraient alors se voir réclamer jusqu’à 10 000 dollars (près de 10000 euros) pour chaque IVG effectuée. Pire : une autre loi, signée plus tôt par Kevin Stitt, prévoit de faire de la réalisation d’un avortement un crime passible de dix ans de prison et de 100 000 dollars d’amende. Mais ce texte pourrait être bloqué tant que la Cour suprême maintient l’arrêt Roe v. Wade.
«La plupart des avortements sont désormais effectivement interdits, privant les milliers de personnes qui y ont recours chaque année» dans cet Etat, déplore sur Twitter le Center for Reproductive Rights, une organisation de juristes qui a participé la semaine dernière à un recours visant à retarder l’entrée en vigueur de la loi. En vain. «C’est une heure très grave, réagit la représentante démocrate de l’Oklahoma Emily Virgin. Des gens vont perdre un droit qu’ils ont depuis cinquante ans.» Cela «aura des répercussions bien au-delà de l’Oklahoma», prévient la présidente du Center for Reproductive Rights, Nancy Northup. Car l’Etat est la destination privilégiée des citoyennes du Texas voisin, empêchées d’avorter près de chez elles. Ces dernières années, environ 40 Texanes venaient chaque mois en Oklahoma pour une IVG, selon les données du département local de santé. Après l’entrée en vigueur de la nouvelle loi au Texas, début septembre, ces chiffres ont explosé : rien qu’en septembre et octobre, les cliniques de l’Oklahoma ont reçu plus de 460 femmes.