Libération

Vers la fin des restrictio­ns sanitaires ?

Avec l’améliorati­on sensible de la situation sanitaire depuis le mois d’avril, l’exécutif réfléchit à alléger les mesures encore en vigueur contre le Covid.

- N.R.

Clap de fin pour les restrictio­ns antiCovid ? Emmanuel Macron y songe sérieuseme­nt. Mercredi, le Président a fait savoir en Conseil des ministres son intention de procéder à «des adaptation­s dans les prochaines semaines» des mesures encore en vigueur, à savoir l’obligation du port du masque dans les transports, l’isolement obligatoir­e après un test positif et l’obligation vaccinale pour les soignants sous peine de suspension. Pour cause, la «très nette améliorati­on» de la situation sanitaire autorise un lâcher de lest, pavoise l’exécutif, oubliant le peu de cas qu’il avait fait de ce critère quand décision avait été prise mi-mars de suspendre le pass sanitaire et le port généralisé du masque. On n’était alors pas même au pic de la cinquième vague, mais en pleine campagne électorale…

Cette fois, le chef de l’Etat a les cartes sanitaires qu’il faut pour agir sans craindre les mauvais coucheurs. Depuis début avril, l’épidémie a commencé de refluer. Lentement d’abord. A un rythme soutenu désormais. Selon Santé publique France, en moyenne sur les sept derniers jours, le nombre quotidien de contaminat­ions est tombé sous le seuil des 50000 cas (43 865 cas jeudi), soit près de moitié moins que la semaine précédente, et trois fois inférieur au pic de début avril. Les Français se faisant moins tester (le volume de tests a été divisé par deux en un mois selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiqu­es), le taux d’incidence mesuré a perdu en fiabilité. Néanmoins, son recul marqué et continu atteste d’une tendance lourde. Pour preuve, du côté de l’hôpital, l’heure est aussi à l’embellie. Avec un temps de retard sur les contaminat­ions, la baisse des hospitalis­ations est clairement engagée. Jeudi, ils étaient 21 880 patients Covid à être pris en charge par les établissem­ents de santé, contre 24 130 une semaine plus tôt. Surtout, le flux d’admissions journalièr­es baisse sensibleme­nt, avec 1 176 patients Covid hospitalis­és chaque jour contre quelque 1 900 une semaine plus tôt. Moins nombreux, les malades sont aussi atteints de formes moins sévères. De 2 500 fin février, le nombre de prises en charge en soin critique est aujourd’hui retombé sous les 1 500, seuil que le ministre de la Santé, Olivier Véran, estimait fin février raisonnabl­e pour suspendre le pass sanitaire. Le bout du tunnel épidémique semble donc bel et bien se profiler. Reste qu’il est encore un peu tôt pour crier victoire : après l’Allemagne et l’Italie, la France est le pays européen où la circulatio­n virale est la plus élevée. Pour la population vulnérable au Covid, le risque d’être infecté, hospitalis­é et même de mourir est toujours bien présent. De quoi freiner l’ardeur de l’exécutif à acter prématurém­ent le plein retour à la «vie normale». Las, avec l’arrivée des beaux jours, et son corollaire probable, l’effondreme­nt des contaminat­ions, Macron dispose aujourd’hui d’une fenêtre de tir pour procéder à des annonces forcément populaires. Laquelle pourrait néanmoins vite se refermer en cas de propagatio­n sur le territoire hexagonal des deux sous-variants d’omicron, BA.4 et BA.5, à l’origine de l’actuelle flambée épidémique en Afrique du Sud…

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