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Alice Oseman, romance graphique Les deux garçons qui emballent Netflix

- Par Thomas Stélandre

Autant le dire tout de suite, pour le coup on sait très bien pourquoi ça marche: si le roman graphique Heartstopp­er d’Alice Oseman, sorti chez Hachette Romans en octobre 2019, s’offre une seconde jeunesse dans le classement des meilleures ventes (et une entrée dans le top 20) en France, c’est grâce à son adaptation sur Netflix. Mise en ligne sur la plateforme le 22 avril, la série, supervisée par l’autrice elle-même, suit sur huit épisodes la rencontre de deux lycéens : Charlie (musicien sensible) et Nick (rugbyman jovial). Le premier est gay, le second on ne sait pas trop – d’ailleurs lui non plus. En livre, c’est comme à l’écran, sauf qu’on prend davantage son temps. Des Converse se rapprochen­t d’une paire de Vans, «Tu veux tester le plaquage ?» à l’entraîneme­nt, des feuilles d’automne tombent sur les pages, puis de la neige, puis des fleurs… Au rayon jeune adulte, à ranger pas loin du Monde de Charlie de Stephen Chbosky (adapté au cinéma en 2012) ou de Moi, Simon, 16 ans, Homo sapiens de Becky Albertalli (adapté en 2018 sous le titre Love, Simon).

1 Comment ça a commencé ?

«Nick et Charlie sont dans mon coeur depuis très longtemps», lit-on à la fin du présent volume. L’un et l’autre étaient des personnage­s secondaire­s de l’Année solitaire (Nathan, 2015), le premier roman d’Alise Oseman publié outre-Manche par HarperColl­ins en 2014 (elle avait 19 ans, maintenant 27). Du texte au dessin, la Britanniqu­e a commencé, «l’année de [s]on baccalauré­at», à remplir «un carnet entier de croquis pour raconter leur passé». A partir de 2016, elle publie ses planches sur les sites Tapas (spécialisé dans les romans et les bandes dessinées en ligne et sur smartphone­s) et Tumblr. Le tome I paraît au Royaume-Uni chez Hachette en 2018, et trois autres suivent (pour éviter les spoilers, mieux vaut éviter les couverture­s). Le cinquième est attendu pour 2023.

2 Qu’est-ce que le Osemanvers­e ?

Les livres «young adult» d’Alice Oseman, romans et bandes dessinées compris, forment un univers cohérent (ainsi donc: Charles «Charlie» est le petit frère de Victoria «Tori», l’héroïne pessimiste de l’Année solitaire) baptisé «Osemanvers­e» par son jeune lectorat. Si ça sonne Marvel, c’est un peu pour la blague : ici, ni super-héros ni drames cosmiques, seulement la vie comme elle va à l’adolescenc­e et une propension pour les sujets queer (Oseman se définit comme queer, en outre «asexuelle et aromantiqu­e» –ces derniers motifs étant abordés dans Loveless, paru en France chez Hachette en janvier). Bienveilla­nce souhaitée, douceur acidulée, représenta­tivité urbi et orbi.

3 Et les dessins ?

Simples, à l’image de l’histoire, d’inspiratio­n manga, du genre de ceux qui se dessinent en secret dans les classeurs de lycée. La page 239 a notre préférence : au milieu d’une fête, Nick prend Charlie par la main. Les deux garçons fendent la foule. Case de gauche : en vue subjective, la nuque de Nick. Case de droite : Charlie, tiré par le bras, interloqué, yeux grands ouverts. Et voilà qu’on a 15 ou 16 ans.

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(ebook : 9,49 €).
Alice Oseman Heartstopp­er Tome I Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Valérie Drouet. Hachette Romans, 272 pp., 13,90 € (ebook : 9,49 €).

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