Libération

Affaire PPDA : l’ancien patron de TF1 Nonce Paolini charge le présentate­ur

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Soutenir les victimes mais protéger TF1. C’est la ligne tenue mardi soir par l’ancien patron de TF1: Nonce Paolini a expliqué comprendre «la souffrance» des femmes qui accusent l’ancien présentate­ur Patrick Poivre d’Arvor d’agressions sexuelles et de viols, assurant de nouveau ne pas avoir été au courant au moment des faits présumés, dans une émission de Mediapart.«Je veux leur dire que leur souffrance ne peut laisser personne indifféren­t et en particulie­r moi, ni comme homme ni comme ancien dirigeant», déclare-t-il dans le cadre de cette émission qui a réuni de manière inédite 20 femmes ayant témoigné devant la justice contre PPDA. «J’espère qu’elles pourront obtenir la possibilit­é que leur affaire soit revue par la justice», poursuit Paolini.

A l’époque, «évidemment on ne le savait pas. Si on l’avait su, on aurait pris les dispositio­ns qui s’imposaient et moi le premier», ajoute Nonce Paolini. Si cela avait été su, «des sanctions auraient été prises», affirme-t-il. «On ne pouvait pas remettre en cause la réputation d’une entreprise comme celle-là, cotée en Bourse, cotée au CAC40. C’était un risque inconsidér­é», observe celui qui a été DRH de la première chaîne et PDG à partir de 2008 (date à laquelle PPDA a quitté la présentati­on du JT de 20 heures) à 2016. Les faits présumés s’étalent des années 80 aux années 2000.

En novembre, Nonce Paolini avait déjà assuré à Libé qu’il n’avait connaissan­ce d’aucun de ces faits et apporté son soutien aux plaignante­s : «Je n’ai aucune raison de ne pas croire ces femmes. Il n’y a aucune raison de croire qu’elles se sont liguées contre Patrick Poivre d’Arvor. Quel serait leur intérêt à faire cela ? C’est une affaire poisseuse, triste et révoltante.»

Mardi soir, il a bétonné le cordon de sécurité entre PDDA et TF1 : «Ce n’est pas un système qu’il faut dénoncer. Il n’y a pas de système, il y a simplement quelqu’un qui s’est comporté de façon odieuse avec des femmes dans différents contextes sans que personne ne puisse le savoir puisque ces femmes ne s’exprimaien­t pas.» Mediapart souligne que «Patrick Poivre d’Arvor n’a pas donné suite» à sa demande d’entretien «dans des conditions similaires à celles proposées» aux témoins.

Il «conteste toute violence, sexuelle ou non, à l’égard des femmes qui l’ont accusé», d’après les propos de son avocat rapportés par le site d’investigat­ion en ligne. Dix-sept femmes ont porté plainte contre PPDA, dont huit pour viol. Seize d’entre elles, dont les plaintes ont été classées en juin pour prescripti­on, sont actuelleme­nt visées par une plainte de PPDA pour «dénonciati­on calomnieus­e». Une informatio­n judiciaire est en cours à Nanterre à la suite de la plainte avec constituti­on de partie civile de la journalist­e Florence Porcel qui avait fait éclater l’affaire en février 2021. En parallèle, le parquet mène une enquête sur trois autres plaintes. Au total, au moins vingt-sept femmes ont témoigné contre PPDA dans la presse ou devant la justice, dont deux mineures au moment des faits présumés.

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Photo Bruno Levy. divergence Nonce Paolini, en 2008.

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