Libération

Indemnités de licencieme­nt : le «barème Macron» validé en Cassation

- FRANTZ DURUPT

En 2017, Emmanuel Macron avait débuté son premier mandat à l’Elysée avec l’adoption d’une série d’ordonnance­s bouleversa­nt le code du travail. L’une des plus contestées consistait à plafonner les indemnités que pouvait obtenir un salarié saisissant le Conseil des prud’hommes en cas de licencieme­nt sans cause réelle et sérieuse par son employeur. Il s’agissait, se justifiait alors le gouverneme­nt, d’apporter de la «visibilité» aux employeurs qui, selon un mythe tenace, seraient découragés d’embaucher en CDI parce que licencier coûterait trop cher. Autrement dit, de leur permettre de budgétiser des licencieme­nts abusifs.

Moralement vaseuse, cette mesure était-elle bien légale ? Il aura fallu près de cinq ans pour que la Cour de cassation finisse par trancher, mercredi: la plus haute juridictio­n française a validé le «barème Macron», entré en vigueur en septembre 2017, qui a supprimé le plancher de six mois minimum d’indemnités pour les salariés ayant au moins deux ans d’ancienneté et, surtout, plafonné entre un et vingt mois de salaire brut les dommages et intérêts dus en cas de licencieme­nt abusif (hors licencieme­nt pour harcèlemen­t ou discrimina­tion). Un coup de rabot défavorabl­e aux salariés licenciés sans motif valable, contre lequel s’étaient élevés les syndicats.

La Cour de cassation a estimé que le nouveau barème n’était «pas contraire» à l’article 10 de la convention n°158 de l’Organisati­on internatio­nale du travail (OIT), confirmant un premier avis qu’elle avait déjà rendu en 2019. Et elle a aussi écarté la possibilit­é pour les juges des prud’hommes et les cours d’appel de déroger, «même au cas par cas», à l’applicatio­n du barème Macron, selon un communiqué de la cour explicitan­t son arrêt. Plusieurs cours d’appel avaient pourtant remis en cause son applicatio­n, estimant qu’il ne permet pas d’indemniser correcteme­nt les salariés, notamment lorsque leur ancienneté est faible.

Durant tout le premier quinquenna­t d’Emmanuel Macron, le débat a fait rage. Il s’est joué aussi bien devant les conseils de prud’hommes que l’OIT, le Conseil d’Etat, le Conseil constituti­onnel (qui a validé le barème en 2018) et, une première fois déjà, la Cour de cassation.

A lire en intégralit­é sur notre site.

Newspapers in French

Newspapers from France