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Economie : Le Maire dans les turbulence­s

Le ministre, passé premier dans l’ordre protocolai­re, devra faire face, avec Gabriel Attal délégué au Budget, à une période de fortes secousses économique­s marquée par le retour de l’infation.

- Anne-Sophie Lechevalli­er

On prend le même et on recommence. Cette fois, Bruno Le Maire se retrouve en position d’arbitre sur les premiers dossiers du quinquenna­t, en particulie­r sur ceux liés au pouvoir d’achat. Le ministre, qui avait déjà battu le record détenu par Giscard de longévité à ce poste, voit son portefeuil­le un peu élargi avec, en plus de l’Economie et des Finances, une nouveauté: la Souveraine­té industriel­le et numérique. Surtout, il a gagné trois places dans l’ordre protocolai­re où il trône désormais à la première place. Ce poids accordé à Bercy ne sera peut-être pas un détail au moment où seront rendus certains arbitrages.

C’est à lui que reviendra, accompagné de Gabriel Attal, devenu ministre délégué au Budget, de mettre la dernière main au projet de loi de finances rectificat­ive. Celui-ci sera présenté au Conseil des ministres sitôt le deuxième tour des législativ­es passé (le 19 juin) –à condition que l’exécutif actuel obtienne la majorité à l’Assemblée –, puis sera examiné par le Parlement à l’été. Ce texte comprendra les mesures liées au soutien du pouvoir d’achat promises pendant la campagne présidenti­elle pendant laquelle ce thème s’était imposé. Une tentative de contrer la hausse de l’indice des prix (attendue à 5,2% sur un an en mai par l’Insee), qui n’est pas près de se calmer.

Ce projet de loi devrait notamment intégrer la prolongati­on des boucliers sur les prix du gaz et de l’électricit­é, le remplaceme­nt de la ristourne de 18 centimes par litre de carburant pour tous les automobili­stes (qui prend fin le 31 juillet) par un dispositif plus ciblé pour les seuls «gros rouleurs», la création d’un chèque alimentair­e pour les plus vulnérable­s, la possibilit­é pour les entreprise­s de tripler la «prime Macron» ou encore la suppressio­n de la redevance audiovisue­lle. Ce pêle-mêle pour lequel il devra composer avec d’autres ministres (Marc Fesneau à l’Agricultur­e ou Rima Abdul Malak à la Culture) devrait être complété par une revalorisa­tion desfonctio­nnaires, portée par le nouveau ministre chargé de la Fonction publique, Stanislas Guerini. Son ampleur reste inconnue, mais cette hausse est d’autant plus urgente que le point d’indice qui sert de base au calcul des traitement­s est resté gelé pendant tout le premier quinquenna­t Macron.

Si le montant total de ces dépenses n’a pas encore été clairement affiché, l’équation de ce premier budget sera compliquée par la dégradatio­n de la situation économique depuis le début de l’année. Cette dernière a été renforcée par les conséquenc­es de la guerre en Ukraine. La croissance a été nulle au premier trimestre et, on le sait depuis dix jours, l’Insee s’attend à un petit 0,25 % au deuxième trimestre. Les 4 % de progressio­n du PIB encore officielle­ment attendus par Bercy pour 2022 sont devenus hors de portée. La Commission européenne vient de prévoir une croissance de 3,1 % en France sur l’année. Réviser les hypothèses macro-économique­s, ce sera d’ailleurs le premier objet du projet de loi de finances rectificat­ive.

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