Sissi, non non
Gazelle Le biopic «Corsage» systématise les coups d’éclat tout en restant plat.
Un certain regard Corsage de Marie Kreutzer, avec Vicky Krieps, Florian Teichtmeister… 1 h 52.
Difficile de rater l’analogie, assénée avec insistance : entre le corset et la camisole de force, il n’y a qu’un pas. Débrailler le portrait sage qui nous avait été laissé de Sissi depuis Romy Schneider, la cueillir à son 40e anniversaire pour regarder comment une impératrice vieillit sous l’oeil public – dans un concert d’exhortations à garder une éternelle fraîcheur de gazelle. L’idée n’avait rien d’incongru. Mais on a l’impression qu’un biopic comme Corsage existait déjà. Où l’on verra une altesse dire merde à l’étiquette et, pour le signaler haut et fort, dérouler l’éventail de toutes les rebellions possible (faux malaise, coupe de cheveux sauvage…). Révélant ses meilleures cartes dans ses premières séquences, le film systématise tant les coups d’éclat de Vicky Krieps que les effets de subversion s’en trouvent émoussés. En épouse volage et jalouse agonie d’injonctions à la perfection et sujette aux troubles alimentaires, Sissi ressemble à une demi-soeur spirituelle de Lady Diana ou de Marie-Antoinette telles que la fiction les a représentées (Larraín, Coppola…). Comme ses devanciers, Marie Kreutzer fait le pari de l’anachronisme pour se prémunir de l’académisme: liberté pop de la bande-son, progression vers une apparence de plus en plus moderne du personnage, qu’on verrait presque finir le film en jean. Espérant faire résonner le récit au présent, l’Autrichienne fait peutêtre trop confiance à ses audaces romanesques, et signe un film où le manque de tension se révèle fatal.