Libération

Séisme : au Maroc, «une course contre la mort»

- Benjamin Delille

Il n’y a plus que l’espoir qui les fasse tenir. Après presque quatre jours à retourner les décombres jour et nuit, les sauveteurs marocains et étrangers persistaie­nt dans leurs recherches, mardi. Même après des jours sous les gravats, il peut rester des survivants. Chaque séisme a son lot de miracles. Un chant berbère a été l’annonce de l’un d’eux, quelque part dans le Haut-Atlas, au sud-ouest de Marrakech, l’épicentre du séisme survenu vendredi soir et dont le dernier bilan fait état de près de 2 900 morts. Une mélodie perçue par les sauveteurs qui, après de longues heures de recherche, ont réussi à dégager deux enfants. On voit ces hommes déplacer de grosses pierres, la frontale rivée vers le sol, puis extirper un premier gamin gris de poussière, incrédule de retrouver de la lumière avant de fondre en larmes, puis un deuxième.

Après le tremblemen­t de terre qui a dévasté le sud de la Turquie et le nord de la Syrie en février, des personnes ont été retrouvées vivantes après avoir passé près de sept jours sous les décombres.

Adeline Hazan, présidente d’Unicef France, une des associatio­ns déployées au Maroc, parle sur France Info d’une «course contre la montre, même contre la mort». Un sprint d’autant plus compliqué que les zones les plus touchées se trouvent dans une région montagneus­e, déjà difficile d’accès en temps normal, et dont certains villages ont totalement disparu dans le tremblemen­t de terre le plus puissant jamais mesuré au Maroc – 6,8 sur l’échelle de Richter. Il n’a laissé qu’une succession de routes effondrées et de pierriers au pied des pentes escarpées.

Mardi, la Fédération internatio­nale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a lancé un appel de fonds d’environ 100 millions d’euros pour soutenir ces opérations de secours. Pour l’instant, elle a déjà débloqué 1 million de francs suisses, mais les fonds manquent, à la fois pour retrouver des survivants, ou les cadavres et leur offrir une sépulture, mais aussi pour accueillir les centaines de milliers de réfugiés qui ont tout perdu, et qui attendent souvent dans des conditions précaires un avenir qui s’annonce plus qu’incertain. «Il y a actuelleme­nt environ 300 000 personnes qui sont touchées, c’est-à-dire qui n’ont plus de maison, qui dorment dans la rue. Et parmi ces personnes, il y a environ 100000 enfants», poursuit Adeline Hazan.

Pour l’instant, le Maroc persiste et signe dans sa stratégie de limiter l’aide internatio­nale à quatre pays – Espagne, Grande-Bretagne, Qatar et Emirats arabes unis – assurant vouloir éviter un afflux de sauveteurs «contre-productif». Caroline Holt, la directrice des opérations du FICR, salue «des mesures prudentes» pour «se concentrer sur les opérations de recherche et sauvetage avant que cette fenêtre ne se referme». Ce dont ont besoin les Marocains, c’est avant tout de quoi financer leurs opérations, et les mener à bien. Notamment grâce aux 41 tonnes d’aide médicale envoyées par l’Organisati­on mondiale de la santé mardi. De quoi soutenir l’effort et l’espoir de ceux qui creusent encore.

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