«Les Secrets de la princesse de Cadignan», d’après l’oeuvre déshonorée de Balzac
Avec cette adaptation approximative d’un classique de la littérature, Arielle Dombasle s’offre un shot d’autosatisfaction.
Où l’on rouvre le dossier ArielleDombasle, Cendrillon tombée du tracteur et errant depuis à travers la lande comme une fée bretonne, à la fois mythe moderne et figure folklorique. Quelqu’un dont on n’évoque généralement le nom de nos jours que lors de la publication d’une de ses vidéos cosmiques de voeux de bonne année ou d’appel à la paix mondiale, ou pour rappeler son apparition dans un épisode de Deux Flics à Miami en 1986 – au mépris de ses débuts chez Rohmer ou RobbeGrillet. Entre les deux, zone fantôme : musique, cinéma, mondanités, personne ne sait jamais précisément ce qu’elle fait, mais tout le monde a un avis sur la question. Les Secrets de la princesse de Cadignan ne devrait pas changer la donne, même si le cinquième film d’Arielle Dombasle en tant que réalisatrice-actrice a des qualités que n’avait pas le précédent, Alien Crystal Palace, qui était non seulement hallucinnamment mauvais mais aussi particulièrement insultant pour qui croyait à des concepts tels que la cohérence ou la décence. Concis, rythmé et globalement bien tenu malgré un budget plutôt mince pour un film d’époque.
Mais sous son vernis «bon élève bien dans son époque» (une adaptation de Balzac dont la portée féministe a été surlignée), le film a aussi pas mal de coutures qui pètent. Une sorte de clip de Mylène Farmer hétéro (Arielle fonce à cheval sous fond d’électro-pop, se caresse en lisant la lettre de son amoureux secret) où deux copines polissonnes de l’Ancien Régime font le bilan de leurs meilleurs coups, quand soudain l’amour, auquel elles ne croyaient plus, déboule. Un scénario qui sonne finalement plus Marc Dorcel que Simone de Beauvoir, et un film dont le but premier semble être de montrer à quel point Arielle Dombasle est radieuse/resplendissante/indestructible – «vous êtes tellement belle, tellement bien faite», «vous êtes un nuage». «Elle est la lumière zur nodre monte obzcur», dira même un baron germanique, interprété par Olivier Py, venu se mesurer au grand concours d’accents lancé il y a deux ans par Jared Leto dans House of Gucci. Point d’orgue : une scène où Arielle Dombasle et Julie Depardieu se montrent leurs seins, puis appellent la bonne et lui demandent d’en faire autant pour avoir un point de comparaison. Marc Dorcel, on disait ?
Les Secrets de la princesse de Cadignan d’Arielle Dombasle. Avec Arielle Dombasle, Julie Depardieu, Cédric Kahn…
1 h 28.