«La Nonne 2»: monastère amer
Le deuxième volet du deuxième spin-off de la franchise «The Conjuring» n’a pas grand-chose à offrir, sinon quelques idées émergées de sa fétichisation d’années 50 franchouillardes.
C’est peu, mais c’est déjà pas mal dans le contexte du cinéma d’exploitation horrifique contemporain américain: il y a une bonne scène dans la Nonne 2, du genre jamais vue, inventive, ludique, presque scotchante. Une apparition, au fond d’un souterrain obscur, dans lequel s’est égarée Soeur Irène – nonne détective vue dans le premier volet de cette extension de la franchise Conjuring – avant de se figer devant un kiosque à journaux. Nous sommes dans le sud de la France, dans les années 50. Le papier n’est pas encore glacé mais la presse suffisamment illustrée pour permettre à Michael Chaves de faire surgir le démon d’un cadavre exquis de feuilles volantes. Le reste de ce film d’épouvante délicieusement inepte s’apprécie surtout pour le pittoresque de sa reconstitution, ChristianJaque revu par un chef de street-food, la tête gonflée de high-concept insensés. On connaissait le fétiche américain pour la vieille Europe catho et la France des clochers d’immédiat aprèsguerre en particulier – celle-là même libérée par les GI – Chaves et son équipe en font ici un banquet d’images hallucinatoires éclairées à l’ampoule agonisante, décor idéal pour ce qui révèle moins une énième platitude gothique qu’une visitation d’Indiana Jones dans les Bouches-du-Rhône. Car on y cherche la trace de Valak, (poltergeist de Conjuring 2 qui a pour mérite d’assurer sa retraite à la comédienne Bonnie Aarons) après qu’il a repris possession du bon gars Maurice, homme à tout faire dans un pensionnat de jeunes filles aux parquets très craquants, sis dans un ancien monastère où se terrerait une fameuse relique magique, les yeux de SainteLucie de Syracuse. Où va-t-on avec ça ? Vers de l’action pépère et quelques jump scares prévisibles plutôt qu’un hommage à Franju, on le révèle. Et si la peur se fait désespérément attendre jusqu’au bout du générique, on se réjouit quand tout finit dans une inflammation de vin consacré : un hommage à la picole dans un mauvais film d’horreur fait qu’il ne peut pas être tout à fait mauvais.
La Nonne 2 de Michael Chaves avec Bonnie Aarons, Taissa Farmiga… 1 h 50.