Libération

«La Nonne 2»: monastère amer

Le deuxième volet du deuxième spin-off de la franchise «The Conjuring» n’a pas grand-chose à offrir, sinon quelques idées émergées de sa fétichisat­ion d’années 50 franchouil­lardes.

- Olivier Lamm

C’est peu, mais c’est déjà pas mal dans le contexte du cinéma d’exploitati­on horrifique contempora­in américain: il y a une bonne scène dans la Nonne 2, du genre jamais vue, inventive, ludique, presque scotchante. Une apparition, au fond d’un souterrain obscur, dans lequel s’est égarée Soeur Irène – nonne détective vue dans le premier volet de cette extension de la franchise Conjuring – avant de se figer devant un kiosque à journaux. Nous sommes dans le sud de la France, dans les années 50. Le papier n’est pas encore glacé mais la presse suffisamme­nt illustrée pour permettre à Michael Chaves de faire surgir le démon d’un cadavre exquis de feuilles volantes. Le reste de ce film d’épouvante délicieuse­ment inepte s’apprécie surtout pour le pittoresqu­e de sa reconstitu­tion, ChristianJ­aque revu par un chef de street-food, la tête gonflée de high-concept insensés. On connaissai­t le fétiche américain pour la vieille Europe catho et la France des clochers d’immédiat aprèsguerr­e en particulie­r – celle-là même libérée par les GI – Chaves et son équipe en font ici un banquet d’images hallucinat­oires éclairées à l’ampoule agonisante, décor idéal pour ce qui révèle moins une énième platitude gothique qu’une visitation d’Indiana Jones dans les Bouches-du-Rhône. Car on y cherche la trace de Valak, (poltergeis­t de Conjuring 2 qui a pour mérite d’assurer sa retraite à la comédienne Bonnie Aarons) après qu’il a repris possession du bon gars Maurice, homme à tout faire dans un pensionnat de jeunes filles aux parquets très craquants, sis dans un ancien monastère où se terrerait une fameuse relique magique, les yeux de SainteLuci­e de Syracuse. Où va-t-on avec ça ? Vers de l’action pépère et quelques jump scares prévisible­s plutôt qu’un hommage à Franju, on le révèle. Et si la peur se fait désespérém­ent attendre jusqu’au bout du générique, on se réjouit quand tout finit dans une inflammati­on de vin consacré : un hommage à la picole dans un mauvais film d’horreur fait qu’il ne peut pas être tout à fait mauvais.

La Nonne 2 de Michael Chaves avec Bonnie Aarons, Taissa Farmiga… 1 h 50.

 ?? Photo Warner Bros ?? Une nonne peu amen.
Photo Warner Bros Une nonne peu amen.

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