Raid israélien à Damas : une escalade dangereuse
Si l’embrasement régional tant redouté depuis le 7 Octobre entre Israël et ses voisins n’est toujours pas certain, une étape dans l’escalade a été franchie lundi. Le raid israélien contre le consulat d’Iran à Damas qui a tué 14 personnes, dont deux chefs militaires des Gardiens de la révolution, «sera puni», a menacé Téhéran. «Nous lui ferons regretter ce crime et les autres», a réagi le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei dans un communiqué.
Sans précédent, l’attaque a visé ce qui est considéré comme un territoire iranien, selon les normes pour les bâtiments diplomatiques. Jusque-là,
les centaines de frappes imputées à Israël avaient été menées contre des forces pro-iraniennes et leurs dépôts d’armes ou convois en Syrie. Elles se sont intensifiées récemment et le raid de lundi est le cinquième à viser le pays en huit jours.
Jusque-là, «l’axe de la résistance» qui regroupe les forces faisant front contre Israël, dont le Hamas, le Hezbollah, les rebelles houthis du Yémen et autres milices pro-iraniennes en Irak et en Syrie, avait mesuré ses attaques contre Israël, conformément aux calculs de Téhéran. La multiplication des frappes israéliennes au Liban, en Syrie ou ailleurs, risque de dégénérer en confrontation régionale. Une perspective qui inquiète de plus en plus, notamment les Etats-Unis, qui viennent d’indiquer à l’Iran qu’ils «n’étaient pas impliqués» dans le raid de lundi, selon un responsable américain cité par le site Axios.
Le discours sur la complaisance, voire la complicité, américaine à l’égard de la brutalité israélienne à Gaza et ailleurs prend de plus en plus dans le monde arabe et bien au-delà de «l’axe de la résistance». Il se nourrit des informations sur un accord en cours de discussion pour la livraison d’armes américaines d’un montant de 18 milliards de dollars, incluant des dizaines de chasseurs F-15, à Israël. S’ajoutent les démarches en vue d’une normalisation des relations entre l’Arabie Saoudite et Israël, prévues à l’occasion d’une visite cette semaine du conseiller à la Sécurité à la Maison Blanche, Jake Sullivan, à Riyad. Autant de carottes offertes par Washington à Israël pour qu’il renonce à son projet d’offensive sur Rafah où s’entassent plus d’un million de déplacés gazaouis à la frontière avec l’Egypte.