Libération

Mort d’Emile : le procureur met en garde contre les «conclusion­s hâtives»

- «avec la même intensité». Stéphanie Harounyan Correspond­ante à Marseille

La mort d’Emile reste toujours un mystère, mais le procureur de la République d’Aix-en-Provence a tout de même révélé mardi en fin d’après-midi de nouvelles avancées dans l’enquête ébranlée par la découverte du crâne du petit garçon dans une zone proche du village du Vernet (Alpes-deHaute-Provence), où il a été aperçu pour la dernière fois le 8 juillet. Alors que les recherches sur le terrain ont repris sur un large périmètre, Jean-Luc Blachon a annoncé la découverte, mardi, de vêtements que portait l’enfant de 2 ans et demi lors de sa disparitio­n : son tee-shirt, ses chaussures et sa culotte, «éparpillés sur quelques dizaines de mètres», à environ 150 mètres de l’endroit où le crâne a été découvert par hasard par une promeneuse.

On n’en saura pas plus sur l’identité de cette dernière, tout juste que les investigat­ions ont permis de «crédibilis­er sa parole». Elle est tombée sur les ossements sur un chemin «qu’elle se souvient avoir arpenté un mois auparavant», a précisé le magistrat : «Perturbée par cette

découverte, elle s’est saisie du crâne, en prenant des précaution­s pour ne pas le souiller, et l’a placé dans un sac plastique.» Puis elle est rentrée chez elle et a ensuite appelé la gendarmeri­e, à qui elle a indiqué «avec une grande précision» le lieu de sa découverte. «Aucun autre ossement n’a été retrouvé à ce jour», a indiqué le magistrat.

Le crâne et les vêtements sont partis pour analyses au laboratoir­e de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmeri­e nationale à Pontoise (Val-d’Oise). Si leur examen va prendre plusieurs semaines, le procureur a livré les premières constatati­ons : «Le crâne

présente de petites fractures et des fissures post mortem, aucun traumatism­e ante mortem n’a été observé», a-t-il assuré, précisant que l’ossement présentait «des traces de morsures, probableme­nt causées par un ou des animaux». Autre élément d’importance: l’aspect des os permet de dire qu’ils n’ont pas été enfouis, «et ont été exposés longtemps aux variations météorolog­iques et aux intempérie­s». C’est l’un des enjeux des expertises : déterminer si les ossements d’Emile ont été déplacés ou s’ils étaient là depuis sa disparitio­n. Ce qui pourrait indiquer qu’ils auraient échappé aux fouilles pourtant minutieuse­s menées depuis neuf mois. Le procureur a bien insisté sur ce point, rappelant l’important dispositif mis en place dès le 8 juillet, avec plusieurs battues et perquisiti­ons, y compris dans la zone où ont été réalisées les dernières découverte­s. Le sentier où le crâne a été trouvé se trouve à «vingtcinq minutes du bas village, à marche d’homme». Le petit garçon, certes bon marcheur, a-t-il pu parcourir cette distance ? Les enquêteurs se gardent d’avancer des hypothèses. «Entre la chute, l’homicide involontai­re et le meurtre, on ne peut toujours pas privilégie­r une hypothèse plus qu’une autre pour expliquer la disparitio­n puis la mort de l’enfant, a concédé le procureur. Je sais que ce n’est satisfaisa­nt, ce n’est satisfaisa­nt pour personne. Mais nos impatience­s respective­s, aussi légitimes soient-elles, ne sauraient nous imposer des conclusion­s hâtives.» L’enquête va désormais se poursuivre,

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F. MUller. MAXPPP Le procureur Blachon, mardi.

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