Mort d’Emile : le procureur met en garde contre les «conclusions hâtives»
La mort d’Emile reste toujours un mystère, mais le procureur de la République d’Aix-en-Provence a tout de même révélé mardi en fin d’après-midi de nouvelles avancées dans l’enquête ébranlée par la découverte du crâne du petit garçon dans une zone proche du village du Vernet (Alpes-deHaute-Provence), où il a été aperçu pour la dernière fois le 8 juillet. Alors que les recherches sur le terrain ont repris sur un large périmètre, Jean-Luc Blachon a annoncé la découverte, mardi, de vêtements que portait l’enfant de 2 ans et demi lors de sa disparition : son tee-shirt, ses chaussures et sa culotte, «éparpillés sur quelques dizaines de mètres», à environ 150 mètres de l’endroit où le crâne a été découvert par hasard par une promeneuse.
On n’en saura pas plus sur l’identité de cette dernière, tout juste que les investigations ont permis de «crédibiliser sa parole». Elle est tombée sur les ossements sur un chemin «qu’elle se souvient avoir arpenté un mois auparavant», a précisé le magistrat : «Perturbée par cette
découverte, elle s’est saisie du crâne, en prenant des précautions pour ne pas le souiller, et l’a placé dans un sac plastique.» Puis elle est rentrée chez elle et a ensuite appelé la gendarmerie, à qui elle a indiqué «avec une grande précision» le lieu de sa découverte. «Aucun autre ossement n’a été retrouvé à ce jour», a indiqué le magistrat.
Le crâne et les vêtements sont partis pour analyses au laboratoire de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale à Pontoise (Val-d’Oise). Si leur examen va prendre plusieurs semaines, le procureur a livré les premières constatations : «Le crâne
présente de petites fractures et des fissures post mortem, aucun traumatisme ante mortem n’a été observé», a-t-il assuré, précisant que l’ossement présentait «des traces de morsures, probablement causées par un ou des animaux». Autre élément d’importance: l’aspect des os permet de dire qu’ils n’ont pas été enfouis, «et ont été exposés longtemps aux variations météorologiques et aux intempéries». C’est l’un des enjeux des expertises : déterminer si les ossements d’Emile ont été déplacés ou s’ils étaient là depuis sa disparition. Ce qui pourrait indiquer qu’ils auraient échappé aux fouilles pourtant minutieuses menées depuis neuf mois. Le procureur a bien insisté sur ce point, rappelant l’important dispositif mis en place dès le 8 juillet, avec plusieurs battues et perquisitions, y compris dans la zone où ont été réalisées les dernières découvertes. Le sentier où le crâne a été trouvé se trouve à «vingtcinq minutes du bas village, à marche d’homme». Le petit garçon, certes bon marcheur, a-t-il pu parcourir cette distance ? Les enquêteurs se gardent d’avancer des hypothèses. «Entre la chute, l’homicide involontaire et le meurtre, on ne peut toujours pas privilégier une hypothèse plus qu’une autre pour expliquer la disparition puis la mort de l’enfant, a concédé le procureur. Je sais que ce n’est satisfaisant, ce n’est satisfaisant pour personne. Mais nos impatiences respectives, aussi légitimes soient-elles, ne sauraient nous imposer des conclusions hâtives.» L’enquête va désormais se poursuivre,