«Sidonie au Japon», cerisiers en pleurs
Porté par une Isabelle Huppert sur le fil, le film suit de manière un peu lisse le périple sentimental d’une écrivaine en deuil.
Faisant preuve d’une suractivité internationale sans répit, au point qu’à peine sortie de scène à Paris pour Bérénice par Castellucci reprend-elle en anglais et seule en scène Mary Said What She Said par Bob Wilson à Londres, Isabelle Huppert est aussi au Japon par le décalage horaire de ce film d’Elise Girard. Elle y interprète une écrivaine, romancière, ayant cessé d’écrire à la suite du décès de son mari dans un accident de voiture dont elle a réchappé. Son premier livre déjà ancien, publié au Japon et dont elle accompagne la sortie avec son éditeur, évoquait un traumatisme similaire, la mort de ses parents dans un crash qui l’avait, enfant, épargnée. Il y a dans les premières séquences du film une inflexion comique à la Lost in Translation qui se perd rapidement dans les méandres mélancoliques d’une déambulation nippone, au «pays des fantômes» où Sidonie retrouve ponctuellement son époux (August Diehl), visible bien qu’immatériel.
Evidemment Isabelle Huppert porte le film, qui ne tient qu’à un fil ou à une note, répétitive-évolutive sur le lent travail de deuil et le retour à la vie après des années dans les limbes. Le film est sans doute trop appliqué, usant de trop de signes reconnaissables d’un Japon méticuleux et constamment en fleurs ou pittoresque, pour nous transmettre le trouble d’un périple sentimental hanté par le vide, la perte. Le duo Isabelle Huppert et l’acteur japonais Tsuyoshi Ihara dans le rôle de l’éditeur est suffisamment magnétique pour donner consistance à ce que l’aquarellisme de la mise en scène paraît toujours tendre à noyer dans la joliesse ou le vague à l’âme.
Sidonie au Japon d’Elise Girard avec Isabelle Huppert, Tsuyoshi Ihara, August Diehl… 1 h 35.