«Il pleut dans la maison», ados au mur
Le teen-movie aux allures de documentaire narre le quotidien difficile d’un frère et d’une soeur qui doivent se débrouiller seuls en plein été.
Pour son long métrage inaugural (sélectionné à la Semaine de la critique cannoise l’an passé), la Belge Paloma Sermon-Daï emprunte des chemins souvent balisés par les primo-fictions : l’été, l’adolescence, et toutes les difficultés qui vont avec, matinées par la chaleur qui abat et l’heure des choix qui étreint le coeur. S’Il pleut dans la maison, c’est que Makenzy et Purdey (soeur et frère à la ville comme à l’écran, et portant leur propre prénom) doivent gérer un quotidien décrépi, peuplé d’un fantôme de mère alcoolique et de galères permanentes d’argent. Tandis que la grande soeur, responsable, prend un emploi de femme de ménage au complexe hôtelier du coin, le petit affiche une moue d’ado mal dégrossi et erre à la recherche de distractions plus ou moins honnêtes, flanqué d’un acolyte peu dégourdi.
Ainsi, le teen-movie fleurit sur un terrain documentaire, les jeunes acteurs de leur propre vie traversant régulièrement le miroir entre incarnation au premier degré, improvisations et passages
obligés concoctés par le scénario. Dans ce qui rappelle le récit de Leurs enfants après eux, le Goncourt prolétaire signé Nicolas Mathieu, l’ennui
fait rapidement place au ressentiment social, les bords du lac local permettant d’observer que chacun n’est pas logé à la même enseigne lorsqu’il s’agit de passer l’été. C’est peut-être ici que l’on peut reprocher le balisage du filmage documentaire par une signalétique narrative qui, même minimale, se fait par trop voyante. Par exemple, la scène où Makenzy attire à lui un jeune bourgeois, autant pour lui vendre du shit que pour tromper sa solitude, souffre d’une mise en scène un peu maigrelette et de l’inconfort visible des interprètes. Ses plus beaux moments, à l’inverse, tiennent à une sorte de gratuité de la captation, pour le plaisir d’observer ces corps d’ados et leur physicalité si peu en adéquation avec les sentiments enfantins qui les habitent encore.
Il pleut dans la
maison de Paloma Sermon-Daï avec Purdey et Makenzy Lombet… 1 h 15.