Libération

DOA revu et réalisé par Laetitia Masson

Au Pathé Bellecour, la cinéaste a expliqué, en compagnie de l’auteur, comment elle a réussi à adapter les 700 pages de «Citoyens clandestin­s» en une série pour Arte.

- Envoyée spéciale à Lyon

Comment adapter en série un roman noir, et non des moindres, Citoyens clandestin­s pour lequel DOA a obtenu en 2007 le Grand Prix de littératur­e policière ? C’est ce que la réalisatri­ce Laetitia Masson est venue expliquer au cinéma Pathé Bellecour, à Lyon, en compagnie de l’écrivain. Le défi pour elle était immense : concentrer un thriller d’espionnage de 700 pages, truffé de personnage­s complexes, en quatre épisodes de cinquante-deux minutes avec un minimum de moyens financiers. Défi relevé pour Arte avec un casting de haut vol. Le héros du roman, Lynx, un mercenaire travaillan­t en sous-main pour le gouverneme­nt français avec la mission d’intercepte­r un groupe de terroriste­s avant qu’il ne commette un attentat dans l’Hexagone, est interprété par Raphaël Quenard entouré du rappeur Gringe dans le rôle d’un espion infiltré dans une cellule islamiste, du désormais incontourn­able Frédéric Pierrot dans celui d’un chef d’officine travaillan­t pour le pouvoir, ou de Pierre Arditi dans le rôle improbable d’un journalist­e d’investigat­ion au côté de la formidable Nailia Harzoune. «J’ai beaucoup ramé pour trouver celui qui incarnerai­t Lynx, car on tombe tous amoureux de lui, et comme j’ai une tendance assez romanesque, je ne voulais pas être dominée par ça, le téléspecta­teur ne peut quand même pas tomber amoureux d’un tueur, explique Laetitia Masson. Il fallait donc quelqu’un de charismati­que, fascinant, rugueux mais crédible en tueur.» Elle précise que «les personnage­s sont si dessinés, ont une ligne d’action si précise, que je pouvais me permettre de ne pas illustrer ça, je voulais surtout montrer comment les contradict­ions et la fragilité de chacun nourrissen­t le système qui le manipule. Si le livre de DOA paraît si actuel aujourd’hui, c’est parce qu’il analyse un système plus qu’un moment, il permet de voir ce qu’est la politique.»

Quenard n’avait pas encore émergé dans Chien de la casse, le film de Jean-Baptiste Durand qui lui a valu le césar de la révélation masculine. Laetitia Masson l’avait juste repéré dans la série Netflix Family business, où il jouait un type un peu dingue dans le milieu de la drogue : «Il avait déjà ce personnage, qu’il travaille beaucoup, de type un peu bizarre et benêt, et moi, j’ai tout de suite vu en lui Lynx. Il a ce côté tout en silences, en profondeur, ce regard, cette intensité. Au cinéma, il faut incarner, on prend dans l’acteur son savoir-faire mais aussi quelque chose qui est en lui. Et chez Quenard on sent une volonté dingue.» DOA, qui avait décidé de rester en retrait du tournage de la série, avait quand même mis un veto sur le premier choix de Masson, Nicolas Duvauchell­e, qui est resté en second rôle dans la série. Pour l’écrivain, il n’incarnait pas du tout Lynx. Sur Quenard, coup de bol, il n’avait pas d’avis, car il ne le connaissai­t pas. Que pense-t-il du résultat ? «Il fonctionne dans la propositio­n qui est celle de la série.» Du DOA pur jus.

Alexandra Schwartzbr­od

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Le Livre de Daniel de Chris de Stoop, sur le meurtre quasi gratuit de son oncle, remporte le prix Polar et Justice, dont Libé est partenaire.

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L’écrivain John Grisham, vendredi.
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L’écrivain Dennis Lehane, vendredi.

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