Les humiliations télévisuelles imposées aux femmes ne méritent pas de médaille
Après le soutien à Gérard Depardieu, la remise de la Légion d’honneur à Thierry Ardisson et bientôt à Michel Sardou, un collectif interpelle Emmanuel Macron : qu’avez-vous fait de la lutte contre les violences faites aux femmes, grande cause de vos deux q
Monsieur le Président, Quelle déception. Le 11 avril 2024, de vos propres mains, vous remettez la légion d’honneur à Thierry Ardisson, et motivez votre choix de la façon suivante : «Personnage d’une liberté totale, provocateur et érudit, plus qu’un animateur de télévision, vous êtes un déchiffreur de modernité… avec des moments de liberté à jamais gravés…»
Ce que vous appelez un «moment de liberté à jamais gravé» est en ce moment visible dans les salles de cinéma, où le film de Christine Angot, Une famille, est projeté. Invitée pour son livre, l’Inceste, elle y subit un de ces traitements humiliants, qui était en effet la marque de «ces moments de liberté à jamais gravés» que vous avez appréciés au point de les récompenser de la plus haute distinction française. On y voit des scènes insoutenables où Angot est moquée, insultée, humiliée par le duo Ardisson-Baffie jusqu’à devoir quitter
le plateau.
télé-trash
Si le traitement infligé à l’écrivaine par Thierry Ardisson est le plus emblématique d’une télévision dont plus personne ne veut, vous n’ignorez pas qu’il est loin d’être un cas isolé. Cet homme que vous avez, au nom de la France, tenu à remercier pour ses longues années d’antenne n’a d’autre «oeuvre» que des émissions où les femmes, ayant été victimes de violence dans l’enfance ou à l’âge adulte, étaient systématiquement raillées, tournées en ridicule, ou en spectacle.
A l’heure où les consciences s’éveillent enfin à propos des violences sexuelles faites aux enfants et aux femmes, vous estimez opportun de décorer une des figures de proue de la télé-trash des années 80-90. Après avoir déclaré que Gérard Depardieu, mis en examen pour viols, rendait fière la France, vous persistez dans ce qui semble être désormais, non pas un aveuglement, mais un projet politique, vous remettrez en juin les décorations de Grand officier de l’ordre national du mérite à Michel Sardou, celui même qui est devenu le chantre de l’antiféminisme.
Promesse initiale
Est-ce donc ainsi que vous honorez votre promesse de faire de la violence à l’égard des femmes la grande cause de vos deux quinquennats ? Nous, en tout cas, ce n’est pas de cette culture-là que nous sommes fiers. Et ni l’inceste ni le viol ne sauraient être des sujets d’amusement public.
Non, les humiliations télévisuelles imposées aux femmes ne méritent pas de médaille.
Qu’attendez-vous, monsieur le Président, pour honorer votre promesse initiale sur la cause des femmes, auprès des Françaises et des Français ?