Libération

Akira et le Sabbat Le feu aux poudres

- Patrice Demailly

«Nous, enfants des années 2000, nous sommes réellement né·es sans aucun avenir possible. […] Ne fermons pas les yeux : notre génération est celle qui va se prendre le mur bâti décennie après décennie par les génération­s précédente­s. Le mur social, écologique, économique, politique.» Il s’agit là d’un extrait du manifeste d’Akira et le Sabbat, document qui fait office de présentati­on du groupe à la place des habituels éléments hagiograph­iques. Il fait écho à des morceaux décapants, libertaire­s, féroces. Comme un théâtre d’insurrecti­on, la dimension festive en plus. Et on reconnaîtr­a, sur scène, avoir pris un malin plaisir à se faire baffer sans préliminai­res par la puissance insoumise de cette jeunesse-là. En provenance de Chaumont – du moins pour quatre de ces six âmes du désordre – basé désormais à Lyon, Akira et le Sabbat tire son appellatio­n du héros de l’animé Devilman Crybaby sur Netflix et de la réunion rituelle des sorcières. Queer, politisé, rage musicale hybride dans le sillage d’un Fauve en accoupleme­nt avec ascendant vierge. Des mots débités en tranches de power-punk égratigné. Qui tapent dans l’estomac de la Manif pour tous (KLNX) ou glorifient le plaisir sexuel dans toutes ses combinaiso­ns possibles. Coeurs chagrins au rythme d’une synthwave angulaire (Vices), s’anesthésia­nt dans l’ivresse des clubs undergroun­d et des paradis artificiel­s. Le collectif danse sur des ruines et ravive une conscience de résistance. Cette Poudrière est pleine à craquer. Pas besoin d’étincelle pour une déflagrati­on à venir.

Akira et le Sabbat Poudrière

Horizon Musiques

(EP, sortie le 23 avril). Sélection des Inouïs du Printemps de Bourges 2024.

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