Akira et le Sabbat Le feu aux poudres
«Nous, enfants des années 2000, nous sommes réellement né·es sans aucun avenir possible. […] Ne fermons pas les yeux : notre génération est celle qui va se prendre le mur bâti décennie après décennie par les générations précédentes. Le mur social, écologique, économique, politique.» Il s’agit là d’un extrait du manifeste d’Akira et le Sabbat, document qui fait office de présentation du groupe à la place des habituels éléments hagiographiques. Il fait écho à des morceaux décapants, libertaires, féroces. Comme un théâtre d’insurrection, la dimension festive en plus. Et on reconnaîtra, sur scène, avoir pris un malin plaisir à se faire baffer sans préliminaires par la puissance insoumise de cette jeunesse-là. En provenance de Chaumont – du moins pour quatre de ces six âmes du désordre – basé désormais à Lyon, Akira et le Sabbat tire son appellation du héros de l’animé Devilman Crybaby sur Netflix et de la réunion rituelle des sorcières. Queer, politisé, rage musicale hybride dans le sillage d’un Fauve en accouplement avec ascendant vierge. Des mots débités en tranches de power-punk égratigné. Qui tapent dans l’estomac de la Manif pour tous (KLNX) ou glorifient le plaisir sexuel dans toutes ses combinaisons possibles. Coeurs chagrins au rythme d’une synthwave angulaire (Vices), s’anesthésiant dans l’ivresse des clubs underground et des paradis artificiels. Le collectif danse sur des ruines et ravive une conscience de résistance. Cette Poudrière est pleine à craquer. Pas besoin d’étincelle pour une déflagration à venir.
Akira et le Sabbat Poudrière
Horizon Musiques
(EP, sortie le 23 avril). Sélection des Inouïs du Printemps de Bourges 2024.