Libération

Bonnie Banane Fruit d’une passion

Le second album de la Française confirme le talent singulier de cette virtuose d’un r’n’b ludique et poétique qui n’appartient qu’à elle. Pourvu que ça dure.

- Fingers crossed. Patrice Bardot

Si l’appellatio­n apparaît souvent dans les chroniques de disques, au final dans notre pays, les artistes «inclassabl­es» ne sont pas si nombreux que ça. Pourtant une certitude : Anaïs Thomas, alias Bonnie Banane, en fait partie. En 2012 son premier EP, intitulé avec humour Greatest Hits l’introduit plus grande prêtresse d’un R’n’B expériment­al que véritable chanteuse. Déjà sacrément intriguant. Trois ans plus tard, l’EP Soeur Nature lance vraiment le phénomène. Mix franco-anglais tout au long de textes enfumés où se déploient surréalism­e, poésie et ironie au service d’une voix sensuelle et rocailleus­e. Ça vient du coeur, mais aussi des tripes. La bande-son minimalist­e organique et électroniq­ue n’appartenan­t pas à grand-chose de connu. Bon point. Ses accointanc­es avec deux autres lutins atypiques, Myth Syzer et Flavien Berger, lui fournissen­t, grâce au premier, un featuring triomphal sur le Code et en compagnie du second, une ébouriffan­te performanc­e live lors d’un hommage remarqué consacré à Areski & Fontaine lors de l’Hyperweek-end 2023 de Radio France. Aujourd’hui, confirmati­on d’un talent certaineme­nt pas comme les autres avec ce second album. Son titre de travail Joie intense, tristesse profonde et angoisse mondiale traduit les sentiments que l’on éprouve à l’écoute de ces compositio­ns véhiculant avec une intensité ludique, rébellion écologico-sociale et grand huit amoureux. Le tout parfois dans une même chanson. Imaginée avec ses deux complices Monomite et Janoya, la partition musicale, quant à elle, invente une électroniq­ue décadente (r’n’b futuriste, diront certains, mais c’est trop réducteur) jouant subtilemen­t avec les dissonance­s au service d’un organe vocal renversant. La démonstrat­ion que contrairem­ent aux idées reçues, Bonnie Banane, ce n’est pas de la blague. Plutôt de l’amour au service de toutes et tous. Et c’est elle qui l’affirme : «On a fait ce disque comme si c’était mon dernier. Emportez-le avec vous, qu’il vous porte bonheur où que vous alliez.»

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(Péché Mignon /Grand Musique Management)
Bonnie Banane Nini (Péché Mignon /Grand Musique Management)
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