Face à une attaque sans précédent, la réussite de la défense aérienne israélienne
Les différentes composantes du «Dôme de fer» de l’Etat hébreu, aidé par ses alliés, ont prouvé leur efficacité en neutralisant les drones et les missiles envoyés par la république islamique dans la nuit de samedi à dimanche.
Des centaines de projectiles, allant du drone Shahed au missile balistique, ont été lancées dans la nuit de samedi à dimanche par l’Iran dans la première attaque frontale de l’histoire de la république islamique contre Israël. Une salve inédite, annoncée à la télévision d’Etat par les Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de l’Iran, qui n’a pourtant eu qu’un effet matériel très limité : l’écrasante majorité des drones et des missiles ont été abattus avant même d’atteindre l’Etat hébreu. Notamment grâce au déploiement de ses équipements de défense aérienne et à la mobilisation de ses alliés.
Essaim. D’après l’armée israélienne, la majeure partie de l’arsenal déployé par l’Iran cette nuit se composait de 180 drones Shahed, conçus par Téhéran. Ces aéronefs kamikazes sans pilote, aux ailes triangulaires et au bruit de mobylette, s’abattent sans répit sur l’Ukraine depuis septembre 2022, l’Iran en fournissant à la Russie. Peu chers à fabriquer (coût estimé de quelques dizaines de milliers de dollars) et peu sophistiqués, ils transportent néanmoins plusieurs dizaines de kilos d’explosifs jusqu’à 2 000 kilomètres, soit largement la distance qui sépare l’Iran d’Israël. Un essaim de Shaheds auquel il faut ajouter, toujours d’après l’armée israélienne, 120 missiles balistiques et 30 missiles de croisière. Des projectiles plus rapides (et donc plus difficiles à intercepter) disposant de charges plus lourdes, pouvant aller jusqu’à une tonne d’explosifs. Une attaque sans précédent, lancée principalement depuis l’Iran, mais aussi depuis l’Irak et le Yémen. Sans oublier le renfort de salves de roquettes tirées par le Hezbollah depuis le Liban.
Le porte-parole de l’état-major israélien a affirmé que «la menace iranienne s’est heurtée à la supériorité de Tsahal».
Interceptions. Reste que lors de ses conférences de presse organisées à 3 heures puis 7 h 15 du matin (heure locale), le porte-parole de l’état-major israélien, Daniel Hagari, voyait la nuit comme une «réussite stratégique significative», affirmant que «la menace iranienne s’est heurtée à la supériorité aérienne et technologique de Tsahal, combinée à une puissante coalition de combat, qui a intercepté la grande majorité des menaces. Nous avons intercepté 99% des menaces lancées sur le territoire de l’Etat d’Israël». Tout en concédant que la base militaire de Nevatim, dans le désert du Néguev (sud du pays), a bien été touchée par les tirs iraniens, comme en attestent des images satellites prisent par le satellite européen Copernicus. Le porte-parole évoque des «dégâts mineurs à l’infrastructure» qui n’auraient pas entravé le fonctionnement de la base.
Si les conséquences diplomatiques et stratégiques restent encore difficilement perceptibles tant l’attaque représente un changement de paradigme entre Téhéran et Tel Aviv, un système sort clairement gagnant de cette nuit hors normes : le dispositif de défense aérienne israélien, qui affrontait ici une menace bien plus sophistiquée que les roquettes non guidées du Hamas et du Hezbollah. Ces interceptions démontrent la réussite des différentes composantes du «Dôme de fer», qui interceptent les projectiles à plus basse altitude, mais aussi d’autres systèmes plus complexes comme les missiles antibalistiques Arrow, dont l’armée israélienne a revendiqué l’usage. Un type de projectiles pouvant atteindre les missiles balistiques, y compris quand ces derniers sont en dehors de l’atmosphère. Différentes séquences partagées ce dimanche par l’armée de l’air israélienne montrent également les interceptions menées par ses avions de chasses contre des missiles et des drones, abattus en plein vol.
Il faut néanmoins souligner qu’Israël n’était pas seul face à l’attaque iranienne, qui était ouvertement annoncée depuis plusieurs jours. Les Etats-Unis étaient particulièrement mobilisés avec leur flotte et leur aviation déployées dans la région. Washington aurait, d’après une source officielle interrogée par CNN, abattu 70 drones et trois des missiles balistiques qui ciblaient Israël. D’après Reuters, «des douzaines» de drones auraient également été abattues au-dessus de la Jordanie par l’armée de l’armée de l’air du royaume. La France et le Royaume-Uni étaient également mobilisés, directement mentionnés par l’armée israélienne comme des partenaires proches ayant participé aux opérations.