Libération

Face à une attaque sans précédent, la réussite de la défense aérienne israélienn­e

Les différente­s composante­s du «Dôme de fer» de l’Etat hébreu, aidé par ses alliés, ont prouvé leur efficacité en neutralisa­nt les drones et les missiles envoyés par la république islamique dans la nuit de samedi à dimanche.

- ALEXANDRE HORN

Des centaines de projectile­s, allant du drone Shahed au missile balistique, ont été lancées dans la nuit de samedi à dimanche par l’Iran dans la première attaque frontale de l’histoire de la république islamique contre Israël. Une salve inédite, annoncée à la télévision d’Etat par les Gardiens de la révolution, l’armée idéologiqu­e de l’Iran, qui n’a pourtant eu qu’un effet matériel très limité : l’écrasante majorité des drones et des missiles ont été abattus avant même d’atteindre l’Etat hébreu. Notamment grâce au déploiemen­t de ses équipement­s de défense aérienne et à la mobilisati­on de ses alliés.

Essaim. D’après l’armée israélienn­e, la majeure partie de l’arsenal déployé par l’Iran cette nuit se composait de 180 drones Shahed, conçus par Téhéran. Ces aéronefs kamikazes sans pilote, aux ailes triangulai­res et au bruit de mobylette, s’abattent sans répit sur l’Ukraine depuis septembre 2022, l’Iran en fournissan­t à la Russie. Peu chers à fabriquer (coût estimé de quelques dizaines de milliers de dollars) et peu sophistiqu­és, ils transporte­nt néanmoins plusieurs dizaines de kilos d’explosifs jusqu’à 2 000 kilomètres, soit largement la distance qui sépare l’Iran d’Israël. Un essaim de Shaheds auquel il faut ajouter, toujours d’après l’armée israélienn­e, 120 missiles balistique­s et 30 missiles de croisière. Des projectile­s plus rapides (et donc plus difficiles à intercepte­r) disposant de charges plus lourdes, pouvant aller jusqu’à une tonne d’explosifs. Une attaque sans précédent, lancée principale­ment depuis l’Iran, mais aussi depuis l’Irak et le Yémen. Sans oublier le renfort de salves de roquettes tirées par le Hezbollah depuis le Liban.

Le porte-parole de l’état-major israélien a affirmé que «la menace iranienne s’est heurtée à la supériorit­é de Tsahal».

Intercepti­ons. Reste que lors de ses conférence­s de presse organisées à 3 heures puis 7 h 15 du matin (heure locale), le porte-parole de l’état-major israélien, Daniel Hagari, voyait la nuit comme une «réussite stratégiqu­e significat­ive», affirmant que «la menace iranienne s’est heurtée à la supériorit­é aérienne et technologi­que de Tsahal, combinée à une puissante coalition de combat, qui a intercepté la grande majorité des menaces. Nous avons intercepté 99% des menaces lancées sur le territoire de l’Etat d’Israël». Tout en concédant que la base militaire de Nevatim, dans le désert du Néguev (sud du pays), a bien été touchée par les tirs iraniens, comme en attestent des images satellites prisent par le satellite européen Copernicus. Le porte-parole évoque des «dégâts mineurs à l’infrastruc­ture» qui n’auraient pas entravé le fonctionne­ment de la base.

Si les conséquenc­es diplomatiq­ues et stratégiqu­es restent encore difficilem­ent perceptibl­es tant l’attaque représente un changement de paradigme entre Téhéran et Tel Aviv, un système sort clairement gagnant de cette nuit hors normes : le dispositif de défense aérienne israélien, qui affrontait ici une menace bien plus sophistiqu­ée que les roquettes non guidées du Hamas et du Hezbollah. Ces intercepti­ons démontrent la réussite des différente­s composante­s du «Dôme de fer», qui intercepte­nt les projectile­s à plus basse altitude, mais aussi d’autres systèmes plus complexes comme les missiles antibalist­iques Arrow, dont l’armée israélienn­e a revendiqué l’usage. Un type de projectile­s pouvant atteindre les missiles balistique­s, y compris quand ces derniers sont en dehors de l’atmosphère. Différente­s séquences partagées ce dimanche par l’armée de l’air israélienn­e montrent également les intercepti­ons menées par ses avions de chasses contre des missiles et des drones, abattus en plein vol.

Il faut néanmoins souligner qu’Israël n’était pas seul face à l’attaque iranienne, qui était ouvertemen­t annoncée depuis plusieurs jours. Les Etats-Unis étaient particuliè­rement mobilisés avec leur flotte et leur aviation déployées dans la région. Washington aurait, d’après une source officielle interrogée par CNN, abattu 70 drones et trois des missiles balistique­s qui ciblaient Israël. D’après Reuters, «des douzaines» de drones auraient également été abattues au-dessus de la Jordanie par l’armée de l’armée de l’air du royaume. La France et le Royaume-Uni étaient également mobilisés, directemen­t mentionnés par l’armée israélienn­e comme des partenaire­s proches ayant participé aux opérations.

 ?? Photo Ariel Schalit. AP ?? Une batterie du système de défense aérienne de l’Etat hébreu, à Ashkelon, en août 2022.
Photo Ariel Schalit. AP Une batterie du système de défense aérienne de l’Etat hébreu, à Ashkelon, en août 2022.
 ?? Photo Ahmad Shoura. AFP ?? Un débris de missile intercepté par l’armée jordanienn­e, près d’Amman, dimanche.
Photo Ahmad Shoura. AFP Un débris de missile intercepté par l’armée jordanienn­e, près d’Amman, dimanche.

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