Libération

Contrôle technique des motos : «On se sent infantilis­és» par cette obligation

- MARGO MAGNY Envoyée spéciale à Saint-Herblain

Plus de 1500 pots d’échappemen­t ronronnent sur la route de Vannes, à Saint-Herblain (Loire-Atlantique). «Nos véhicules font du bruit pour qu’on nous entende sur la route, car la majorité des accidents sont causés par les automobili­stes, pas par des défaillanc­es techniques de nos bécanes», lâche Isabelle au milieu du convoi de deuxroues venu protester samedi contre la mise en place du contrôle technique pour les véhicules de catégorie «L» (motos, scooters, quads…). Des mobilisati­ons étaient organisées dans toute la France et ont rassemblé 10 000 personnes à Paris selon les organisate­urs. Décrétée obligatoir­e le 24 octobre, la mesure sera effective ce lundi.

Une main posée sur sa moto, la quadragéna­ire soupire : «Le gouverneme­nt ferait mieux d’investir dans l’entretien des routes, elles se dégradent. On a beau respecter les limitation­s, les trous qu’on ne voit pas, ça, c’est dange- reux.» Pour cette gestionnai­re de planificat­ion, en plus d’être inutiles, ces contrôles techniques dont le coût variera entre 50 et 75 euros «seront juste des frais supplément­aires pour les ménages».

Sur le bas-côté, Denis Chimbault, coordinate­ur départemen­tal de la Fédération française des motards en colère (FFMC), fait les cent pas. Le Nazairien qui appelle au boycott des centres de contrôle n’en démord pas : «Ceux qui trafiquent leurs véhicules sont une minorité.» A quelques mètres, le soleil fait briller une carrosseri­e bleu indigo floquée BMW. Yves, son propriétai­re, se tient fièrement à côté. Pour le sexagénair­e, la moto est synonyme de voyage et de liberté. «On a l’impression qu’on est tout le temps fliqué alors qu’on n’a pas envie de mourir, mais juste de prendre du plaisir.»

Au milieu du convoi, Freddy assure faire partie de la majorité des motards faisant réviser son deux-roues chez un garagiste chaque année alors que le décret impose un contrôle tous les trois ans. «On bichonne nos motos, ce sont des objets que l’on peut payer plus de 40 000 euros. On se sent infantilis­és alors que c’est notre vie qui est en jeu et on le sait», regrette le quadragéna­ire qui compte malgré tout se plier à la nouvelle réglementa­tion pour éviter l’amende. Alors que le convoi s’apprête à rejoindre le périphériq­ue, Jean, gilet floqué FFMC, sécurise le bascôté. Quand il n’est pas sur son engin, le quinquagén­aire sensibilis­e les collégiens aux dangers de la route. Il martèle : «A 1 an j’ai marché, à 4 ans j’ai fait du vélo et à 16 ans de la moto. C’est parce qu’on est prudents que je suis encore vivant pour en parler.»

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