Libération

La cérémonie d’ouverture, épreuve additionne­lle des JO

L’événement doit normalemen­t se tenir sur la Seine, mais Emmanuel Macron a évoqué lundi l’idée d’un rapatrieme­nt au Stade de France. Ce qui n’a qu’une infime chance de se produire.

- Laure Bretton

Au rythme où ça va, on va faire défiler tout l’alphabet, aller et retour avant le 26 juillet. Pour la cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris, il y a le plan A : un défilé de 170 navires sur la Seine avec athlètes, sons et lumières, une fête hors les murs qui constitue une première dans l’histoire olympique, à laquelle Emmanuel Macron et les organisate­urs s’accrochent. L’état du monde étant ce qu’il est –guerres en Ukraine, au Moyen-Orient et résurgence des menaces de l’Etat islamique – les contours d’un nécessaire plan B prennent forme : réduire, couper, retailler le spectacle du 26 juillet, en nombre de spectateur­s ou en longueur de parcours. «Le Président a un peu effleuré ça [lundi sur BFM TV] en parlant de l’hypothèse Trocadéro», décryptet-on au Comité d’organisati­on (Cojo). Soit des «adaptation­s» de la cérémonie artistique, qui serait recentrée sur l’ouest de Paris, la tour Eiffel et… les tribunes des spectateur­s payants dont certains ont déboursé 2700 euros pour y assister.

«Plans B, C ou Z». Ce qui a surpris dans l’interview du chef de l’Etat, c’est l’apparition de détails sur un «plan C» consistant à «rapatrier» la cérémonie d’ouverture au Stade de France si les menaces terroriste­s étaient trop élevées. Si le travail sur des alternativ­es au sommet de l’Etat ne fait aucun doute, au sein notamment des conseils de défense, c’est la première fois qu’Emmanuel Macron entrait dans ce niveau de précisions. En en disant trop ou trop peu. «Tout le monde peut parler de plans B, C ou

Z mais il y a ce qui peut être adapté et ce qui ne le peut pas», lâche un conseiller olympique un peu dépité par le discours présidenti­el, mélangeant des options qui n’ont rien à voir entre elles. Exégètes. Les déclaratio­ns d’Emmanuel Macron sont arrivées jusqu’aux officiels de la mairie de Paris et de la Seine-Saint-Denis en plein embarqueme­nt pour la Grèce, où ils doivent assister ce mardi à l’allumage de la flamme olympique. «L’option Stade de France n’a jamais été travaillée», assure à Libération un responsabl­e parisien avant de décoller. C’est plus compliqué que ça, répliquent les exégètes du verbe macronien. Non, il ne peut pas y avoir de cérémonie «artistique» au Stade de France le 26 juillet. Parce que des épreuves y sont programmée­s avant, dont du rugby à sept, qu’on ne peut pas modifier la configurat­ion du stade et qu’il peut accueillir, au grand maximum, 80000 personnes. Comment choisir alors qui, parmi ceux qui ont déjà leur sésame pour la cérémonie, auront le droit d’y assister ? Et on rembourse tous les autres, alors que le Cojo n’arrête pas de répéter que les billets hors de prix permettent un financemen­t privé des Jeux sans passer par la case impôts ?

Mais oui, en effet, si les risques sont trop importants, l’ouverture des JO se réduira à une combinaiso­n protocolai­re – hymne, drapeaux et serment olympiques– devant une demi-douzaine d’officiels et, dans ce cas-là, «cela peut se tenir n’importe où, même dans votre salon, fait valoir une source au fait des discussion­s. Mais on parle là du cas où une comète tomberait sur Paris.» Il ne manquerait plus que ça.

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