Libération

Mortalité routière en hausse: la réforme de la perte de points mise en cause

- JEAN-BAPTISTE CHABRAN

Après une bonne année 2023, les chiffres de la Sécurité routière en France repartent à la hausse. Après +6% en janvier (240 morts) et +3% en février (224) par rapport aux mêmes mois l’an dernier, le bilan dévoilé lundi pour mars accentue cette pente : 254 personnes ont été tuées sur les routes en mars 2024, soit 31% d’augmentati­on par rapport à mars 2023 (194), selon l’Observatoi­re national interminis­tériel de la sécurité routière, qui dénombre 1 164 blessés graves. «Mars a été particuliè­rement endeuillé sur nos routes. Le bilan pour le premier trimestre nous ramène aux chiffres de 2019», selon Florence Guillaume, déléguée interminis­térielle à la sécurité routière.

Pour Anne Lavaud, déléguée générale de l’associatio­n Prévention routière, cette augmentati­on est à mettre en regard avec la hausse du nombre de blessés graves (+10 %) et le nombre total d’accidents corporels (+9 %) en mars. «Comme on n’a pas le détail dans les chiffres mensuels, croiser ces chiffres nous donne une informatio­n par rapport au niveau de gravité des accidents. Ce mois-ci, le nombre d’accidents augmente moins que le nombre de blessés graves qui augmente lui-même moins que le nombre de tués : ça veut dire que les accidents corporels sont beaucoup plus graves.» Une gravité accrue qu’elle attribue essentiell­ement à la vitesse : «Un facteur aggravant de toutes les autres causes de mortalité sur la route.» Toujours selon Anne Lavaud, ces hausses seraient imputables à la fin de la perte de points sur le permis de conduire pour les excès de vitesse inférieurs à 5 km /h, entrée en vigueur le 1er janvier. Depuis, ces excès de vitesse ne sont plus sanctionné­s par le retrait d’un point, mais seulement par une amende. «C’est un message envoyé aux automobili­stes sur la possibilit­é de rouler plus vite», fustige Lavaud. Elle ajoute que l’ouverture du permis dès 17 ans est aussi «un mauvais indicateur» et que «cela va exposer une tranche d’âge supplément­aire au risque routier, sachant que cela expose les autres usagers». L’Etat s’était engagé en 2020 à réduire de moitié le nombre de morts sur la route d’ici 2030, soit limiter à environ 1 650 le nombre de morts par an sur les routes. Un objectif inatteigna­ble si la dynamique actuelle se poursuit.

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