Libération

Novo Nordisk et Eli Lilly se mettent au «made in France»

Les firmes danoise et américaine, leaders des traitement­s contre l’obésité, produiront bientôt leurs médicament­s dans l’Hexagone grâce à des investisse­ments en chaîne.

- Liza Cossard

Bientôt de l’Ozempic, du Wegovy ou encore du Zepbound «made in France»… alors que ces traitement­s anti-obésité ne sont pas encore commercial­isés dans l’Hexagone. Fin novembre 2023, le géant danois Novo Nordisk a investi plus de 2 milliards d’euros dans son usine de Chartres (Eure-et-Loir), qui produit ces traitement­s antidiabét­iques et contre l’obésité. En visite sur le site, Emmanuel Macron avait salué un investisse­ment «inédit pour l’industrie pharmaceut­ique en France». Plus de 500 nouveaux emplois seront créés, s’ajoutant aux 1 600 salariés déjà présents, avec un doublement des capacités de production grâce à une hausse de la superficie du site jusqu’à 230 000 m² d’ici 2028.

Depuis 2010, Novo Nordisk avait déjà investi plus de 450 millions d’euros en France, dont 130 millions début 2023 pour de nouvelles lignes d’assemblage et de conditionn­ement. Son site de Chartres produit essentiell­ement des stylos injecteurs

nd destinés aux patients diabétique­s. Mais ce nouveau financemen­t permettra au groupe de diversifie­r sa production dans les fameuses injections anti-obésité. «A la suite de l’investisse­ment de 2,1 milliards annoncé en novembre dernier, il sera possible d’y produire de futurs médicament­s injectable­s de Novo Nordisk, dans le diabète mais aussi d’autres pathologie­s telles que l’obésité», précise Novo Nordisk France. Ces milliards d’euros s’expliquent par le succès de ces traitement­s, un nouveau marché estimé à 100 milliards de dollars (93 milliards d’euros) à l’horizon 2030. Ce qui a déjà permis à Novo Nordisk de ravir à LVMH la première place des capitalisa­tions boursières européenne­s depuis septembre 2023. A 426 milliards de dollars, sa valorisati­on actuelle dépasse le PIB du Danemark.

Même succès pour son concurrent américain, Eli Lilly, premier laboratoir­e pharmaceut­ique en capitalisa­tion boursière, après avoir dépassé Johnson & Johnson en mai 2023. Eli Lilly lui aussi a misé sur la France pour ses produits anti-obésité, avec un financemen­t de 160 millions d’euros à Fegersheim, dans le Bas-Rhin, le 23 octobre. Depuis les dix dernières années, l’entreprise a investi au total plus de 500 millions d’euros dans l’est de la France. Si Emmanuel Macron, sur le site de Novo Nordisk à Chartes, s’était félicité d’un retour vers la souveraine­té médicale française, en réalité seuls 3 % de la production de l’usine de Chartres sont dédiés à la France, la majorité étant exportée dans 87 pays. Mais si son traitement anti-obésité Wegovy (lire page 11) n’est pas encore commercial­isé dans l’Hexagone, son produit Saxenda «est en revanche disponible, sans prise en charge par l’assurance maladie». Quant à Eli Lilly, son usine tricolore devrait massivemen­t produire le Mounjaro, un nouvel antidiabét­ique, dont la version américaine, le Zepbound, a vu son usage largement détourné comme médicament pour perdre du poids.

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M. BADRA. AFP Visite du site de Novo Nordisk, à Chartres, le 23 novembre.

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