Pour la première fois depuis le 7 Octobre, des vivres entrent par le nord de Gaza
Une toute petite lueur d’espoir vient de s’allumer dans le nord de la bande de Gaza. Après plus de six mois de fermeture, le poste-frontière d’Erez, autrefois l’unique point de passage permettant aux Palestiniens de circuler entre l’enclave et l’Etat hébreu, a repris du service. Entre dimanche et mardi, 25 camions transportant plus de 400 tonnes de colis alimentaires et de farine de blé ont franchi ce checkpoint stratégique pour acheminer de l’aide. Ces trois convois sont destinés à 80000 personnes, soit environ un quart des habitants qui vivent toujours dans la partie de ce territoire menacé par la famine. Selon le
n d Programme alimenta ire mondial, c’est la première fois que des denrées alimentaires entrent dans le nord de l’enclave par le point de passage d’Erez.
Cette annonce intervient alors que Washington a accru la pression sur Israël afin d’éviter d’aggraver la catastrophe humanitaire. Lors d’un appel téléphonique, le 4 avril, le président américain, Joe Biden, avait pressé son allié Benyamin Nétanyahou de «mettre en oeuvre une série de mesures spécifiques, concrètes et mesurables pour remédier aux dommages causés aux civils». Dès le lendemain, le Premier ministre israélien annonçait qu’il s’apprêtait à permettre la livraison «temporaire» de l’aide humanitaire par le point de passage d’Erez. Les vivres devaient d’abord transiter par le port d’Ashdod, à environ 40 kilomètres au nord de Gaza.
Bien que dérisoire au vu des besoins, cette aide devenait indispensable pour une population confrontée à des «niveaux de faim les plus catastrophiques au monde» en raison de la guerre, a averti l’ONU. Alors que plus de 80 % des Gazaouis ont été déplacés au cours des six derniers mois, environ 300 000 personnes restent bloquées dans le nord de l’enclave, où elles font face à des pénuries de nourriture, d’eau, de médicaments ou de carburant. Les ONG ont de plus en plus de mal à accéder à cette partie du territoire en raison des restrictions imposées par Israël. La dernière fois que l’Unrwa, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, a pu acheminer des vivres dans le nord, c’était il y a près de trois mois. Entre le 25 mars et le 7 avril, la distribution de nourriture par les acteurs humanitaires n’a atteint que 16 % de la population. Deux autres points de passage terrestres – Rafah et Kerem Shalom– permettaient jusqu’à présent aux convois de distribuer de l’aide, tous deux situés dans le sud, près de la frontière avec l’Egypte. Les ONG regrettent néanmoins les horaires d’ouverture irréguliers de ces points d’entrée, mais aussi les contrôles interminables effectués par les autorités israéliennes, responsables de kilomètres de files d’attente près de la frontière, côté égyptien.
L’ONU estime qu’environ 180 camions d’aide humanitaire traversent quotidiennement ces deux checkpoints, soit bien en deçà de l’objectif de 500 par jour. «La réouverture du point de passage d’Erez est un pas dans la bonne direction, mais ne suffit pas à elle seule, a commenté Xavier Joubert, directeur de l’ONG Save the Children dans les territoires palestiniens occupés. Nous avons besoin que les combats cessent et qu’une aide suffisante soit acheminée vers la bande de Gaza.» Pour les organisations humanitaires, la seule manière d’éviter que les Gazaouis sombrent dans la famine passe par l’instauration d’un cessez-le-feu immédiat et durable.