Libération

Les écolos se débattent dans la campagne

Chez les verts, l’heure est à la mobilisati­on générale autour de la tête de liste Marie Toussaint, larguée dans les sondages et méconnue du public.

- S.N.

Après un peu plus de cinq mois de campagne, un aveu: «Notre début de campagne n’a pas rencontré d’adhésion populaire», lance l’écologiste Marie Toussaint sur la scène de la Bellevillo­ise le 14 avril. C’est peu de le dire. A moins de soixante jours du scrutin, la tête de liste verte ne décolle pas dans les sondages. Pire, les intentions de vote ont tendance à baisser petit à petit. «On ne va pas dire que c’est la grosse éclate», concède la députée Sandra Regol, qui remet toutefois en cause la pertinence des sondages: «En 2019, aucune enquête ne nous donnait au-dessus de 10 % et pourtant on a fait plus de 13%.» Pas de panique donc. D’autant que les Français n’ont pas encore la tête dans les européenne­s, martèlent les verts. En moyenne, Marie Toussaint stagne autour des 7 % d’intentions de vote.

«Vent de face». Mais le contexte a bien changé par rapport à 2019. Les marches pour le climat qui s’organisaie­nt partout en parallèle de la campagne européenne, plaçant les verts dans un environnem­ent favorable, ne sont plus là. L’heure est plutôt au «backlash» (retour de bâton) comme le répète la secrétaire nationale, Marine Tondelier. «L’alliance des droites et de l’extrême droite se fait contre l’écologie», martèle Marie Toussaint. «[La dernière fois] nous avions fait campagne avec le vent dans le dos. Cette fois, nous ferons campagne avec le vent de face», avait convenu la candidate, sur scène, lors de son premier meeting au mois de décembre.

Pour ne rien arranger, les verts sont aussi en concurrenc­e directe avec un Raphaël Glucksmann en dynamique susceptibl­e de siphonner une partie de leurs électeurs (lire pages 2-3). D’ailleurs, conscients du risque, les écolos multiplien­t depuis plusieurs semaines les attaques contre l’essayiste. «Le risque c’est de s’endormir le 9 juin en ayant voté Raphaël Glucksmann et de se réveiller le 10 juin avec le retour de François Hollande… grince Toussaint. Attention à la publicité mensongère.»

Reste que ce contexte ne suffit pas pour résumer à lui seul la campagne poussive des écologiste­s. Certains choix de l’équipe de Marie Toussaint ont surpris jusqu’en interne. A commencer par la désormais célèbre «booty therapy» dansée pendant de longues minutes lors du premier meeting de la candidate en décembre à l’Elysée-Montmartre. «Pour le coup, on a parlé de nous, mais pas pour les bonnes raisons…» se remémore un cadre du parti. Mais la candidate assume et revendique cette utilisatio­n de l’«artivisme» pour défendre ses idées. Le 28 mars, les écologiste­s ont donc récidivé en organisant une danse devant le siège de Total pour mettre en avant une nouvelle mesure de la candidate.

Pour autant, Marie Toussaint garde la pleine confiance d’une très large partie de sa famille politique. Chez les verts, on valide sa ligne qui prône «la douceur» et articule sa campagne autour d’initiative­s écolos techniques. «Ça me rend fière de voir Marie faire des propositio­ns pour changer l’UE. On est les seuls à respecter le contrat en parlant d’Europe», note Sandra Regol. Très présente dans la campagne, Marine Tondelier écume les plateaux télé pour soutenir sa candidate. La médiatique députée

nd Sandrine Rousseau, qui vient de rejoindre le comité de campagne de Marie Toussaint, également. Chez les verts, l’heure est à la mobilisati­on générale autour de la trentenair­e. Plusieurs figures du parti comme Yannick Jadot, Eva Joly, Noël Mamère ou Cédric Villani ont accepté de figurer sur la liste en positions non éligibles. Une aide bienvenue pour la candidate qui peine à percer le mur du son.

Deux camps. D’autant que Les Ecologiste­s doivent également faire face à des nouvelles secousses de l’affaire Bayou, revenue au premier plan début mars après l’annonce, par Anaïs Leleux, d’un dépôt de plainte contre son excompagno­n. Depuis, l’ancien patron du parti a démissionn­é, à cause d’une enquête lancée en externe par Marine Tondelier pour faire toute la lumière sur cette histoire. En interne, voilà les militants divisés en deux camps entre, d’un côté, ceux qui plaidaient pour sanctionne­r le député de Paris et, de l’autre, ceux qui estiment que le parti s’est, d’une certaine façon, substitué à la justice. «Ça joue sur la dynamique interne, affirme Alain Coulombel, membre du bureau exécutif du parti. Ça creuse des divergence­s, ce qui n’est pas idéal au moment de faire campagne.» «Tout le monde s’est réaligné après le conseil fédéral de ce weekend, assure avec enthousias­me l’élue parisienne Anne-Claire Boux. Maintenant, c’est reparti. C’est focus campagne.»

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Premier meeting commun Place publique-Parti socialiste pour les européenne­s, le 24 mars à Tournefeui­lle près de Toulouse.
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Photos ULrich LebeUf. MyoP

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