Archéologie préventive : Dati assure qu’elle ne touchera pas à la loi de 2001
Ses propos, jugés réducteurs et méprisants pour la profession, avaient outré les archéologues. En visite le 4 avril au château de Dampierre, dans les Yvelines, la ministre de la Culture, Rachida Dati, déclarait au Parisien : «Il ne faut pas faire des fouilles pour se faire plaisir… ou alors on ne fait pas payer», ajoutant préférer «mettre de l’argent dans la restauration du patrimoine plutôt que de creuser un trou pour creuser un trou». Furieux, quinze grands noms de l’archéologie ont protesté dans le Monde, s’inquiétant de cette remise en cause à peine voilée, selon eux, de la loi du 17 janvier 2001.
En visite vendredi matin dans une zone industrielle du Val-d’Oise, sur le site, tenu secret pour des raisons de sécurité, de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), où sont stockés mille fragments du «jubé» découvert sous Notre-Dame, Rachida Dati s’est efforcée de faire oublier ses propos controversés. «Si je suis là aujourd’hui, ce n’est pas pour m’expliquer, mais c’est pour illustrer la nécessité de leur métier, la nécessité de leur mission et la nécessité du soutien de leur ministère de tutelle», a-t-elle dit, s’adressant aux archéologues de l’Inrap, assurant, au sujet de la loi de 2001, qu’il n’y avait «aucune raison de revenir sur ce texte qui est fondamental».
Toute cette polémique, a-telle expliqué, relève d’un fâcheux malentendu, évidemment alimenté par la presse : les propos qu’elle a tenus début avril se rapportaient à la déconvenue qu’aurait subie Franky Mulliez, le propriétaire du château de Dampierre, en recevant une nouvelle facture de 300 000 euros de la part d’Eveha (le principal bureau d’études archéologiques privé en France), après avoir déjà déboursé 1,7 million d’euros dans des travaux de fouille. Crispés à son arrivée, les archéologues semblent avoir apprécié la pommade. L’incident est clos ? «S’il y avait des incompréhensions, elles ont été levées», a tranché Christophe Besnier, l’archéologue responsable des fouilles sur le chantier de la cathédrale incendiée. L’un des artisans de la loi de 2001, l’archéologue Jean-Paul Demoule, juge cocasse que Rachida Dati critique la société privée Eveha alors que «c’est la droite, revenue au pouvoir en 2003, qui a mis fin au monopole de l’Inrap et imposé la concurrence».