Nia Archives Au futur de la soul
Avec son premier album, la Britannique redynamise la drum’n’bass, en offrant une version sous influence soul et pop.
La drum’n’bass britannique réussira-t-elle sa deuxième percée grand public, vingt-sept ans après Roni Size / Reprazent et son New Forms, qui avait sorti le genre de son cercle de spécialistes pour atteindre le top 10 des charts? Si les jeunes artistes sont nombreux à revitaliser la drum en 2024 de l’autre côté de la Manche, la rendant plus accessible en la mâtinant de pop et de R’n’B, la meneuse de cette lame de fond est une DJ productrice de 24 ans, Nia Archives, dont chaque sortie discographique affole à la fois les nostalgiques des grandes heures de la drum et un public bien plus jeune. Après le long EP Sunrise Bang Ur Head Against Tha Wall en 2023, qui l’avait définitivement placée en fer de lance du mouvement, le premier album de Nia Archives était attendu avec une certaine curiosité. Et loin de l’autoroute monolithique, c’est avec 13 titres directement inspirés de la soul britannique que la productrice réussit haut la main son examen de passage, l’entêtant single Crowded Roomz en tête.
Même s’ils constituent la colonne vertébrale de chaque piste, ces drums frénétiques ne sont plus l’élément central, mais sont ramenés au rang d’instruments comme un autre, au même niveau que les nappes ou les notes de guitares. Et d’ailleurs, si on gommait du mix ces rythmiques si caractéristiques, Silence is Loud deviendrait un exercice de style soul/downtempo chanté qui fonctionnerait très bien comme ça. Fascinant, Silence Is Loud révèle la vaste culture de cette native de Bradford, dans le nord de l’Angleterre, qui a assimilé un vaste pan de la bass music britannique, du downtempo de Bristol au dub (les pionniers Smith & Mighty ou More Rockers, sur l’ouverture Silence is Loud) en passant bien sûr par les classiques drum de la fin des années90 (Forbidden Feelingz). Tout est assimilé et réinterprété avec intelligence et finesse. Comme TSHA avant elle, qui offrait une nouvelle patine aux sonorités rave du summer of love, Nia Archives donne vie à une version hybride de la drum’n’bass et esquisse une pop du futur, les deux pieds dans l’underground, l’oeil rivé sur le grand public. Pas loin du hold-up parfait.