Johnny Jane «L’intimité cachée par nos apparences»
Si son pseudo vient évidemment de Gainsbourg, ce talentueux chanteur multi-instrumentiste est traversé par des influences The Strokes-Velvet Underground qui agitent un premier album fort réussi. Mais pourquoi apparaît-il masqué sur la pochette? Il nous ex
Le projet. «Sur mes EP ou singles précédents, j’étais au milieu de gens ou vu de loin. J’avais envie de quelque chose de plus original et impactant en mode portrait. J’ai beaucoup réfléchi à ce que racontait l’album, avec ces multiples facettes et les émotions différentes dégagées par chacune des chansons. Certaines sont piano-voix, d’autres plus rock, d’autres encore hyper pop mais elles sont reliées entre elles par une sorte de profondeur. Il y a un côté caméléon où je me transporte dans des énergies très variées. Je trouvais que l’idée de porter un masque représentait bien cela.»
Le masque. «C’est Elioun, un ami des Beaux-Arts, créateur et sculpteur, qui l’a conçu. Il en réalise beaucoup pour des projets de théâtre. Il a commencé à me mouler le visage en silicone, puis il l’a peint en me mettant un peu de rouge sur les lèvres, les pommettes. Ce n’est pas tout à fait moi non plus, puisque je porte une barbe dans la vie, d’ailleurs on la voit un peu affleurer sous le masque. C’est comme si l’intimité était cachée par nos apparences, si on dissociait le corps et l’âme artistique. Ioanna Abita, la photographe, avait également beaucoup de références avec des masques ou des pochettes avec des visages déformés. En Angleterre, il y a cette culture de covers étranges, c’était la direction que je voulais prendre.»
Les couleurs. «Mon pseudo est bien sûr tiré d’une chanson de Serge Gainsbourg. Du coup, en fond de cette photo, j’ai choisi un bleu qui rappelle la pochette de l’album Melody Nelson. J’ai appris récemment que le photographe de Gainsbourg racontait qu’il avait reçu le disque avant de réaliser la pochette et il s’était dit : “Tiens ça me fait penser à un bleu comme ça.” C’est devenu le bleu
“melody”. Sur ma photo, les éclairages sont très frontaux. C’est ce que je voulais. Ça rend les couleurs flashy. Ça ressemble à l’album qui est aussi très frontal. Je me livre vraiment, mes textes sont plus bruts. On a un peu galéré en studio avec les reflets, car le masque brillait beaucoup et on a dû mettre beaucoup de réflecteurs, mais après c’est allé très vite, le premier shoot était le bon.»