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«Il me fait tellement rire, je le confesse»

David Vincent, son éditeur de l’Arbre vengeur, célèbre l’écrivain

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Il s’agit d’un double anniversai­re. Fin 2023, L’Arbre vengeur, maison d’édition indépendan­te et bordelaise, a clôt l’année de ses 20 ans avec la publicatio­n d’Almanach des uns, des unes et des autres, pour lequel Franz Bartelt a découpé son journal des années 1984-1999. En novembre paraît l’Année des treize lunes, journal de 2000. Vingt-trois volumes devraient logiquemen­t suivre. Franz Bartelt fête en 2024 ses quarante ans d’écriture à plein temps. Singeries est le quatrième livre de l’Ardennais (toutes les couverture­s sont signées Jean-François Martin) à prendre racine dans le catalogue particuliè­rement original créé par David Vincent et Nicolas Etienne, où se côtoient Didier da Silva, Juan Rodolfo Wilcock, Ricardo Elias, Andrew Crumey, Eric Chevillard, Josette Clotis.

David Vincent, codirecteu­r :

«Je suis un inconditio­nnel de Franz Bartelt depuis fort longtemps, en ayant fait un de mes chevaux de bataille lorsque j’étais libraire (et en ayant vendu réellement des palanquées), assez subjugué par sa capacité à passer d’un genre à l’autre sans dévier de cette étrange ligne qui est la sienne où le goût de raconter des histoires ou de simples faits se mêle à un intérêt pour les recalés et les déclassés (avec un penchant pour les imbéciles glorieux) sur un ton que je ne trouve que chez lui, avec un humour distant qui ne tombe jamais dans la méchanceté ou l’imprécatio­n. Un univers très étroit sur lequel il parvient à broder infiniment et sans se et nous lasser. Et il me fait tellement rire, je le confesse.

«Je n’ai osé que très récemment me manifester auprès de lui, demandant si nous pouvions reprendre un de ces livres, et je crois qu’il a senti (sans doute parce que je ne lui ai fait aucun numéro de claquettes et qu’il m’a vu sincère) que nous pourrions nous entendre au-delà d’une simple et ponctuelle collaborat­ion autour d’un ou deux livres. Il m’a soumis une année de son journal sans autre intention sans doute que de faire plaisir à un ami nouveau et admiratif (et il sait que, parmi ses textes, Pleut-il? est de mes préférés, c’est un de ceux qui se rapproche le plus des cahiers) : face à ce volumineux bloc de littératur­e presque pure (a priori pas prévu pour la publicatio­n, même si on sait ce qu’il en est des écrivains), je n’ai pas beaucoup hésité à lui dire que ce serait pour nous un projet formidable d’en être l’éditeur (et n’osant trop y croire) dans l’esprit de ce que nous faisons avec Eric Chevillard et son Autofictif depuis seize ans, une aventure au long cours économique­ment déraisonna­ble mais qui justifie un catalogue d’éditeur.

«Je le soupçonne de me trouver un peu timbré mais ma conviction l’a emporté : je suis certain de tenir là une oeuvre hors norme, un témoignage d’écrivain in progress comme il n’en existe guère (où sont passés les diaristes ?) qui observe la banalité qui l’entoure avec des yeux émerveillé­s et malicieux. Et simplement éditer les pages inédites d’un écrivain qu’on place haut dans son petit panthéon personnel, rien n’a plus de valeur à mes yeux. Je formule le voeu que nous puissions réussir à en dévoiler le plus d’années possible.»

Cl.D.

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SiNgerieS L’Arbre vengeur, 180 pp., 18 €.
ALMANAch deS uNS, deS uNeS et deS AutreS. Même éditeur, 276 pp., 2O €
Franz Bartelt SiNgerieS L’Arbre vengeur, 180 pp., 18 €. ALMANAch deS uNS, deS uNeS et deS AutreS. Même éditeur, 276 pp., 2O €

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