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«J’ai reçu un message d’un inconnu en vietnamien»

Margot, 26 ans, a retrouvé sa famille biologique après un message envoyé par sa tante sur Facebook.

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«J’ai été adoptée quand j’étais toute petite. Je suis née au Vietnam et arrivée en France à 3 mois. Mes parents ne m’ont jamais caché l’histoire de mon adoption. Ma mère biologique était très jeune quand elle m’a eue, c’était un peu compliqué de me garder. Mes parents m’ont raconté aussi que j’avais deux petites soeurs jumelles, ils l’avaient appris par un point de contact, sans qu’ils aient conservé de lien direct avec ma mère biologique. Les retrouver, c’était un souhait à long terme mais je n’avais pas fait les démarches.

«Quand j’ai eu 18 ans, en 2016, j’ai reçu un message sur Facebook en vietnamien d’une personne que je ne connaissai­s pas. Je ne m’étais pas fait d’idée au départ. Mais quand cette personne m’a envoyé une photo de mon père adoptif avec ma mère biologique au moment de mon adoption, j’ai vite compris qu’ils m’avaient retrouvée. C’était ma tante qui m’écrivait. Ils étaient très pauvres, se sont un peu enrichis et ont pu avoir accès aux réseaux sociaux. Ils m’ont retrouvée en recherchan­t mon nom et mon prénom.

«J’ai découvert en échangeant avec eux que j’avais une autre petite soeur biologique. Toutes mes tantes, mes cousins, et d’autres membres de ma famille se sont mis à m’écrire sur Facebook. Ça a été un choc, je n’étais pas du tout prête à ça. J’ai mis un peu de temps avant d’aller les voir, parce que je leur en voulais un petit peu de m’avoir recontacté­e de cette manière. Et les frontières ont été fermées longtemps par le Covid aussi. «On est finalement allés les voir en janvier 2024 dans le sud du Vietnam avec mon copain et mes parents. C’était très particulie­r parce que ma mère biologique a eu un cancer du sein. Elle est décédée un mois avant que j’arrive au Vietnam, ça a été la période la plus difficile de ma vie. C’était la personne avec qui j’échangeais le plus, elle s’est battue jusqu’au bout parce qu’elle m’attendait. Mais elle est morte avant. J’ai quand même pu voir toute la famille… C’était un énorme chamboulem­ent. Là-bas, je me suis sentie un peu comme à la maison, à ma place, alors que je ne me sentais pas forcément vietnamien­ne avant. «Mes parents étaient hyper émus parce qu’ils ont toujours été dans cette démarche de ne jamais cacher mes origines. Ils ont adopté mon petit frère d’une autre famille au Vietnam quelques années après moi et dans ce voyage, on est allés aussi retrouver sa famille. C’était très émouvant. En tant que personne adoptée, j’avais tellement de questions, ça m’a permis de boucler la boucle. Ça a été dur d’accepter de ne pas rencontrer ma mère biologique, mais si elle est décédée un mois avant, ce n’était peut-être pas pour rien. «Aujourd’hui, nous conservons un lien avec eux. Je dis toujours que j’ai deux familles, je suis enracinée dans deux pays. Je paye les études de ma petite soeur vietnamien­ne, car si elle a un métier, elle pourra ensuite aider la famille. J’aimerais beaucoup retourner au Vietnam. Ça me donne une raison d’apprendre la langue.»

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