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Des informatio­ns contradict­oires et des négos bloquées

Alors que la vidéo d’un otage israélien fustigeant Nétanyahou de ne rien faire pour sa libération a été diffusée par Hamas, le nombre exact d’otages retenus dans l’enclave reste incertain.

- HAlA KodmAnI

«Je suis Hersh GoldbergPo­lin, fils de Jonathan et Rachel, né le 10 mars 2000, habitant de Jérusalem, et j’ai été enlevé le 7 octobre au concert Nova.» Le jeune otage israélien à Gaza est apparu dans une vidéo diffusée mercredi par les brigades Al-Qassam, branche militaire du Hamas. «Faites ce qu’on attend de vous et libéreznou­s», apostrophe le jeune homme de 24 ans à l’adresse du gouverneme­nt Nétanyahou qu’il accuse de ne rien faire pour le libérer. «Honte à vous. Vous me laissez sans nourriture et sans le traitement médical dont j’ai besoin», poursuit l’otage en montrant un moignon au bout de son bras gauche. Dans la vidéo de deux minutes trente sous-titrée en arabe et en anglais, Hersh Goldberg-Polin affirme que «70 otages ont été tués par votre aviation». Un chiffre sujet à interrogat­ion dans ce document tourné par le Hamas alors que sur les 250 otages enlevés le 7 octobre, 112 ont été libérés lors de la trêve de novembre dernier, 129 sont toujours détenus et 34 sont considérés comme morts. Autre indication que le Hamas veut utiliser les otages pour faire pression sur Israël, l’un de ses responsabl­es s’exprimant anonymemen­t dans un entretien publié mercredi par le quotidien Al-Araby Al-Jadid, basé à Londres, a indiqué que 30 militaires israéliens compteraie­nt parmi les otages encore détenus à Gaza. «Ils sont gardés dans des lieux ultrasécur­isés, loin d’atteinte d’Israël» avertit ce «dirigeant du mouvement» qui ajoute ne pas pouvoir donner de chiffre précis sur le nombre d’otages vivants du fait qu’ils sont aux mains de différents groupes à Gaza.

Blocage. Des informatio­ns contradict­oires circulent sur le nombre d’otages en vie détenus depuis les attaques du 7 octobre, certains avançant même qu’il n’en resterait plus que 20. «C’est contraire à la réalité», affirme le responsabl­e du Hamas, qui accuse le gouverneme­nt israélien de «désinforma­tion méthodique auprès de l’opinion israélienn­e et des familles des otages».

Cette interview intervient au moment où les négociatio­ns pour un cessez-le-feu et la libération des otages sont à l’arrêt et où les deux belligéran­ts ainsi que les médiateurs se rejettent la responsabi­lité du blocage. Dans l’entretien au quotidien arabe, le dirigeant du Hamas nie avoir proposé la libération de 20 otages au lieu des 40 prévus dans la première étape de l’accord de six semaines en discussion depuis trois mois. Il a également nié le fait que son mouvement soit sous pression des médiateurs égyptien ou qatari.

«Médiation». Les Américains ont accusé le Hamas d’avoir modifié ses conditions au cours des négociatio­ns. Surtout, le Qatar, au rôle pivot, a manifesté son mécontente­ment au sujet du blocage de ces négociatio­ns. Face aux critiques, notamment de la part d’Israël et de certains politiques américains, le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahma­ne alThani, a déclaré que son pays «procédait à une réévaluati­on globale de son rôle» de médiateur. Il avait indiqué au début du mois que les négociatio­ns achoppaien­t notamment sur l’exigence du Hamas d’un cessez-le-feu permanent et d’un retour des déplacés à Gaza vers le nord de l’enclave.

L’Emirat a émis lundi un autre signal négatif à l’égard du Hamas dont le bureau politique est basé à Doha depuis 2012. «Tant que leur présence est utile et positive pour cet effort de médiation, ils resteront ici», a déclaré le ministère qatari des Affaires étrangères, Majed al-Ansari. Une réflexion qui intervient au moment où l’hypothèse d’une installati­on du Hamas en Turquie s’est renforcée avec la visite récente à Ankara du chef de son bureau politique, Ismaïl Haniyeh.

L’autre affirmatio­n de taille avancée par le dirigeant du Hamas concerne le très recherché Yahya Sinwar. Le chef du Hamas à Gaza et cerveau présumé de l’attaque du 7 Octobre «poursuit ses activités comme chef du mouvement sur le terrain», affirme le responsabl­e, en ajoutant, un brin provocateu­r : «Il s’est rendu récemment dans des zones de combat entre la résistance et l’armée d’occupation et y a rencontré des combattant­s en surface et non dans les tunnels.»

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