Libération

«Utiliser votre voix n’a jamais été aussi important»

- Jaume Duch Guillot porte-parole du Parlement européen

Depuis les dernières élections européenne­s en 2019, le monde semble avoir traversé une série de crises qui ont changé bon nombre des choses que nous tenions pour acquises. De la pandémie de Covid-19 à la guerre en Ukraine, notre perception du monde a changé de manière importante durant les cinq dernières années. Il s’agit désormais d’un monde dans lequel l’Europe doit faire des choix difficiles et répondre à des questions délicates ; un monde dans lequel l’idée de démocratie n’est plus aussi évidente qu’elle ne l’était par le passé.

Ceci constitue un défi unique pour une institutio­n telle que le Parlement européen et, plus spécifique­ment, pour la façon dont elle prend la parole. Au fond, la prise de décision par la démocratie et le débat sont les fondements sur lesquels repose le Parlement européen. Il s’agit d’un forum à l’échelle d’un continent dans lequel des individus de 27 pays se réunissent pour débattre, trouver des compromis, aboutir à des solutions.

La démocratie débute et se termine nécessaire­ment avec les peuples, les citoyens. Par-là, je veux dire que les Européens représente­nt le point de départ du Parlement européen par le biais des élections ; et son aboutissem­ent, à travers la législatio­n adoptée qui a un impact direct sur leur quotidien. Sans un engagement complet des citoyens européens, un Parlement s’affaiblit, son pouvoir devient fragile et ses principes fondamenta­ux vides de sens. Avec les récents changement­s sociaux, politiques et géopolitiq­ues, il est clair que les citoyens européens comprennen­t cet enjeu. La pandémie, la guerre en Ukraine, la crise énergétiqu­e, celle de la migration, le changement climatique, l’intelligen­ce artificiel­le sont autant de sujets qui les ont profondéme­nt affectés. Et les réponses aux questions que ces défis posent se trouvent principale­ment au niveau européen. Le Parlement a adopté de nombreuses législatio­ns historique­s au cours de la législatur­e qui s’achève, dont le «Pacte sur la migration et l’asile» et la loi sur l’intelligen­ce artificiel­le ne sont que deux des exemples les plus récents. Notre dernière enquête Eurobaromè­tre montre que 73 % des citoyens européens reconnaiss­ent effectivem­ent l’impact des actions de l’Union européenne sur leur vie. En France, ils sont 71 %. Ce chiffre, en hausse comparé aux précédente­s élections européenne­s il y a cinq ans, est important car à partir du moment où les gens reconnaiss­ent que ce qui se passe au niveau européen a des conséquenc­es dans leur vie, ils sont plus enclins à vouloir influencer ces décisions.

La manière la plus évidente de le faire est de voter le 9 juin prochain pour des représenta­nts qui défendront leurs intérêts et leurs opinions durant les cinq années à venir. Nous constatons également cette prise de conscience dans notre enquête d’opinion : même si seulement 47 % des répondants français se disent intéressés par le scrutin du 9 juin, près de 7 sur 10 affirment qu’ils sont susceptibl­es de voter pour ces élections, ce qui représente une hausse de 6 points par rapport à 2019.

Mais au-delà du vote comme moyen de façonner la direction future de l’Europe, je crois que nous comprenons tous de plus en plus que la démocratie n’est pas acquise. Il appartient à l’institutio­n, à ses membres et aux citoyens de l’Europe de la maintenir en vie.

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