Libération

Aux petits plaisirs de Louis Sarkozy

- Par Marie-ève Lacasse Journalist­e au service Modes de vie

A 26 ans, Louis Sarkozy publie son deuxième livre (après Une envie de désaccord(s) chez Plon, coécrit avec sa mère, en 2019), Napoleon’s Library, qui sortira le 30 mai aux éditions

Pen and Sword. En pleine promo, le fils unique de Nicolas Sarkozy et de Cécilia Attias, né en 1997, a donné jeudi une interview au supplément magazine du Financial Times, «How to spend it in…» («comment le dépenser…»), où il nous instruit sur son lifestyle intello chic dans la capitale américaine. Quelles sont ses bonnes adresses ? Ses restos préférés ? Ses rêves et ses espérances ? On veut tout savoir ; il nous raconte. En septembre 2020, lorsqu’il arrive à Washington pour travailler à l’ambassade de France, il négocie un tarif avec l’hôtel Fairmont pour y vivre avec sa future épouse, Natali Husic, pendant sept mois. Soit la durée de son mandat à l’ambassade, d’une durée de huit mois. La nuitée y étant, au prix de 2024, entre 313 et 1 700 dollars américains la nuit, soit entre 292 et 1 588 euros, on espère que la négo fut âpre. Les tourtereau­x ont adoré vivre dans ce grand hôtel de 413 chambres dessiné par l’architecte Vlastimil Koubek, d’autant plus que l’hôtel n’accueillai­t, en cette période post-Covid, qu’un seul autre invité. Après cette parenthèse enchantée, le couple acquiert

nd une maison dans le Maryland – plus précisémen­t, nous indiquent d’autres sources, dans la ville résidentie­lle de Washington, Bethesda, là où vit une grande communauté de Français. L’expatriati­on, la vraie.

Le Financial Times nous laisse donc à voir un Louis Sarkozy dans sa déambulati­on américaine, pays où il vit depuis 2007. Après la séparation de ses parents, il suit sa mère aux Etats-Unis et fréquente le lycée français de

New York avant d’intégrer, à 14 ans, la Valley Forge Military Academy and

College, un lycée militaire à Wayne (Pennsylvan­ie). Il se passionne très jeune pour les passes d’armes ; on se souvient de ses tweets censurés et des affronteme­nts avec Léonard Trierweile­r sur Twitter. Depuis, ils sont redevenus bons copains, mais l’envie d’une carrière militaire le travaille toujours. Le site de son éditeur nous apprend qu’il est candidat à l’école d’officiers de l’armée américaine.

S’il aime le monde des livres, il entretient aussi son corps. Après avoir fait sa gym quotidienn­e dans les installati­ons sportives de l’université Georgetown, il se restaure à la Boulangeri­e Christophe, à deux pas de là. S’y rend-il dans ses mocassins mis sur le marché en 2019 quand, à 21 ans, il lance sa collection capsule Enigma pour la marque Boonper ? Fort inspiré, il avait donné à ses créations les noms de Freud, T.J. Jefferson, Marie Curie et même Shakespear­e (sic). Hélas, la collaborat­ion avec la marque n’a pas été renouvelée. Son amour pour les grands noms de ce monde est l’une de ses obsessions. Cette biographie de Napoléon, on l’attendait ; depuis des années, le monde scientifiq­ue réclamait un ouvrage de référence sur le sujet, et le public lettré, qui adore l’esprit et la plume de Louis Sarkozy, se plaignait qu’il manquât un titre sur Napoléon, cet homme injustemen­t méconnu. Comme il l’explique au FT, le fils Sarkozy a détesté le biopic consacré à son héros par Ridley Scott.

Ça l’a mis en colère tout rouge ! Et quand il est dans cet état, il aime se changer les idées en allant dîner chez le chef étoilé Enrique Limardo, où il peut déguster des spécialité­s latinoamér­icaines (comptez 265 dollars ou 247,50 euros d’empreinte bancaire par personne pour réserver). Même s’il n’aime pas le shopping, ce grand romantique a pris le temps d’acheter une bague à sa femme chez Bulgari, avec un motif qui lui rappelle la Rome antique – quand on aime l’histoire, on ne compte pas. Enfin, le couple aime faire ses courses chez un boucher bio (Louis Sarkozy affiche un sérieux penchant pour la viande) et une bonne fromagerie où il peut acheter de l’emmental et du comté.

C’est la fin de l’article qui nous interpelle le plus. «Si je pouvais acheter un bâtiment à Washington, ce serait la Bibliothèq­ue du Congrès ; je la fermerais au public et j’installera­is un billard et un bar à whisky à la place des bureaux réservés à la recherche. Je m’y détendrais avec des amis et j’y contempler­ais la beauté de la civilisati­on occidental­e. Je suis en admiration devant Washington, cette belle ville, capitale culturelle des Etats-Unis. Elle porte en elle la promesse éternelle du rêve américain.» Louis Sarkozy rêve donc de privatiser le plus haut lieu de l’histoire de la démocratie américaine pour sa propre jouissance de privilégié ; plutôt que d’y faire de la recherche (la barbe), il pourrait y siroter un whisky en gardant pour lui et ses camarades une partie des trésors du monde. C’est d’autant plus normal que cette bibliothèq­ue a aujourd’hui pour mission de promouvoir la littératur­e américaine et de lutter contre l’analphabét­isme. Tout ça est d’un vulgaire ! Et maintenant, how to spend it in ?

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