Chez les radicaux, c’est (aussi) une affaire de famille
Dans la mouvance activiste comme au Rassemblement national, les fils et filles d’anciennes figures du milieu prennent la relève.
Dans la famille des radicaux, je voudrais la fille, le fils, le père… L’extrême droite française est une affaire de dynasties. Dans les partis, où les Le Pen sont incontournables, du RN à Reconquête. Et encore plus à droite, où ce fonctionnement est un classique, notamment autour du mouvement radical GUD, référence historique de la mouvance. Exemple : Gabriel Loustau, discret héritier d’Axel, figure historique du mouvement reconvertie dans les affaires. Son rejeton de 23 ans s’est affiché l’an passé à la tête du défilé du Comité du 9-Mai, la démonstration de force annuelle des néofascistes à Paris. Mégaphone en main, il menait le cortège de 500 militants. De son père, il a aussi reçu le sens du business : il est «directeur général» de la Financière Wagram, holding qui gère les affaires d’Axel Loustau. Comme la boîte de communication e-Politic, important prestataire du RN. Pas sectaire, Gabriel fréquente dans des soirées privées Stanislas Rigault (jeune bras droit de Zemmour à Reconquête) et Hilaire Bouyé (vice-président de Génération Zemmour).
Bagage.
Loustau junior a également signé une promesse d’embauche, révélée par Libé, pour son ami Marc de Cacqueray-Valménier, autre figure du GUD et représentant d’une dynastie respectée de militants de l’Action française. Le document tombait à pic pour l’ami Marc, mis en cause pour la descente raciste avortée le soir du match France-Maroc, le 14 décembre 2022. Attestation de complaisance pour lui éviter un nouveau passage en détention provisoire ? Le salaire de 5200 euros brut mentionné laisse songeur, vu la légèreté du CV de Cacqueray. Celui-ci cherchait encore récemment du travail, se disant prêt à aller dans le grand Ouest pour trouver un employeur assumant son bagage judiciaire et médiatique.
Autre héritier : Kléber Vidal qui, avec son frère, est passé des rangs royalistes à ceux du GUD. Il a été condamné à trois ans de prison, dont deux ferme, pour sa participation au commando qui a torturé un ancien chef du groupe à son domicile, en 2015. Son père serait un ancien du Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne et a tenu une librairie qui proposait des livres collaborationnistes ou du dignitaire nazi Göring, avait révélé StreetPress. Vidal a participé en avril 2023 à l’émeute raciste contre un projet de centre d’accueil pour exilés à Saint-Brevin (Loire-Atlantique).
Véhémente.
Héritage toujours, celui des frères Edouard et Hugues Michaud, cadres importants de Génération identitaire (GI) puis leaders des Natifs, groupuscule qui a pris la relève de GI après sa dissolution en 2021. Le père, Jean-François, était en 1976 l’un des animateurs de la branche jeune du Parti des forces nouvelles, alors rival du FN. Ces dernières années, il animait le cercle identitaire Pol-Vandromme, qui a invité Eric Zemmour et Patrick Buisson autant que la directrice de Marianne, Natacha Polony. Et ses fils frayent aussi avec les gudards.
Citons, chez les filles, Liselotte Dungelhoeff, présentatrice de Ligne droite, la matinale de Radio Courtoisie sous le pseudonyme Liselotte Dutreuil. Cette ex-militante de GI est la fille de Christophe Dungelhoeff, un ancien proche de Bruno Mégret. Elle avait pris la parole lors du rassemblement des identitaires en décembre, après le meurtre de Tomas à Crépol. A l’occasion, elle dirige les entraînements aux sports de combat du groupe identitaire féminin Némésis. Mentionnons en prime les filles de Jildaz Mahé O’Chinal, encore un ancien du GUD et bras droit de Frédéric Chatillon, avec qui il est aujourd’hui en affaires à Rome. Cache-cou sur le nez, l’une d’elles, Hermine, est apparue très véhémente aux premiers rangs de l’action de provocation des Némésis devant Sciences-Po le 22 avril, à l’occasion d’une visite de Jean-Luc Mélenchon.
Sans oublier Loïk Le Priol, gudard poursuivi pour «assassinat» après avoir abattu le rugbyman argentin Federico Martín Aramburú à Paris le 19 mars 2022. Son père Denis a été proche du mouvement néonazi Fane, le fils fricotait avec de larges pans de la mouvance. L’extrême droite est une grande famille.