Libération

Ragapop Undergroun­d résistance

- PATRICE BARDOT

Toutes les belles histoires possèdent leur part de tristesse. Et même de drames. C’est bien entendu le cas de Ragapop, trio venu de Kyiv, en Ukraine. Poussés par la guerre à prendre le chemin de l’exil face aux bombes russes qui pilonnent leur territoire, les deux chanteuses Ganna Nikitina et Ruslana Khazipova et leur associé le producteur electro Anton Ocheretian­y ont trouvé asile en Normandie, à Vire, grâce au centre dramatique national de la ville, dirigé par Lucie Berelowits­ch. Une bénédictio­n pour un groupe lancé en 2020 dans une très rapide ascension, non seulement dans leur pays après la parution de leur premier EP, Siasya, mais aussi à l’internatio­nal après la percée du single Gordosti. Rien ne semblait donc pouvoir arrêter une formation à la palette sonore exigeante, entre électroniq­ue, postpunk, plus un soupçon de rap, et réputée pour sa puissance scénique.

Sauf que l’arrivée du Covid puis de la guerre a brisé les ailes de cette ascension. Aujourd’hui, c’est bien la chance d’un second départ pour Ragapop, avec la sortie d’un premier album où le coeur et l’âme laissés à Kyiv fournissen­t la matière première d’une musique énergique et rebelle et où le corps, lui, enregistre à Nantes, au studio du Garage Hermétique. On découvre avec cet urgent, mais étonnement ludique, Do You Listen to Ragapop ? les capacités musicales formidable­s d’une langue, l’ukrainien, qui s’épanouit sur ce terrain de jeu bouillonna­nt. Sept titres dégageant une poésie punk sidérante. Les basses et les drums claquant furieuseme­nt, comme des grenades dégoupillé­es à la face des envahisseu­rs.

RAGAPOP DO YOU LISTEN TO RAGAPOP ? (Kontrabass)

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France