Ragapop Underground résistance
Toutes les belles histoires possèdent leur part de tristesse. Et même de drames. C’est bien entendu le cas de Ragapop, trio venu de Kyiv, en Ukraine. Poussés par la guerre à prendre le chemin de l’exil face aux bombes russes qui pilonnent leur territoire, les deux chanteuses Ganna Nikitina et Ruslana Khazipova et leur associé le producteur electro Anton Ocheretiany ont trouvé asile en Normandie, à Vire, grâce au centre dramatique national de la ville, dirigé par Lucie Berelowitsch. Une bénédiction pour un groupe lancé en 2020 dans une très rapide ascension, non seulement dans leur pays après la parution de leur premier EP, Siasya, mais aussi à l’international après la percée du single Gordosti. Rien ne semblait donc pouvoir arrêter une formation à la palette sonore exigeante, entre électronique, postpunk, plus un soupçon de rap, et réputée pour sa puissance scénique.
Sauf que l’arrivée du Covid puis de la guerre a brisé les ailes de cette ascension. Aujourd’hui, c’est bien la chance d’un second départ pour Ragapop, avec la sortie d’un premier album où le coeur et l’âme laissés à Kyiv fournissent la matière première d’une musique énergique et rebelle et où le corps, lui, enregistre à Nantes, au studio du Garage Hermétique. On découvre avec cet urgent, mais étonnement ludique, Do You Listen to Ragapop ? les capacités musicales formidables d’une langue, l’ukrainien, qui s’épanouit sur ce terrain de jeu bouillonnant. Sept titres dégageant une poésie punk sidérante. Les basses et les drums claquant furieusement, comme des grenades dégoupillées à la face des envahisseurs.
RAGAPOP DO YOU LISTEN TO RAGAPOP ? (Kontrabass)