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Parentalit­é : les obstacles persistent

- Retrouvez sur notre dossier «LGBT +», avec, entre autres : un consacré aux témoignage­s de couples homosexuel­s mariés, le «Cinq ans après, pourquoi la “Manif pour tous” avait raison» et l’interview de la sociologue Martine Gross et l’anthropolo­gue Jérôme C

Le mauvais souvenir de la déferlante bleue et rose de la «Manif pour tous» dans les rues de la capitale a laissé place, chez l’avocate Caroline Mécary, spécialist­e du droit de la famille, à une forme de quiétude. «La société française ne s’est pas écroulée. Les gays, lesbiennes et leurs enfants n’ont pas fait sécession. Au contraire, ils ont obtenu une forme de légitimité.» De là à dire que l’ouverture du mariage civil à tous les couples a tout réglé… «Il a fallu en passer par les tribunaux car l’adoption de l’enfant d’un conjoint, par exemple, est toujours conditionn­ée au mariage, nuance l’avocate élue au Conseil de Paris.

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compte que la loi ne protégeait pas tout le monde, notamment les parents et leurs enfants séparés avant l’adoption de la loi, et les parents séparés avant l’aboutissem­ent d’une procédure d’adoption», déplore la présidente de l’associatio­n homoparent­ale les Enfants d’arc-en-ciel, Céline Cester.

Insécurité.

Il y a également ces couples de femmes ayant eu recours à une PMA à l’étranger et pour lesquelles les procédures d’adoption intraconju­gale sont longues (au minimum six mois), coûteuses en frais de justice et parfois entravées par des juges à Versailles, Aix-en-Provence ou Cahors pour «fraude à la loi». En septembre 2014, la Cour de cassation a cependant mis fin (en théorie) à cette insécurité juridique en considéran­t, dans deux avis, qu’au nom de l’intérêt supérieur de l’enfant, le recours à une PMA à l’étranger ne pouvait être «un obstacle» à l’adoption. La coprésiden­te de l’Associatio­n des parents gays et lesbiens (APGL), Marie-Claude Picardat: «C’est pour cela que l’on souhaite que le mariage ouvre les mêmes possibilit­és de filiation pour les hétéros et les lesbiennes qui ont recours à une PMA.» Mais encore faut-il qu’elle soit ouverte à toutes les femmes, comme l’a promis –pour 2019– le Président. Il a aussi affirmé que les modes d’établissem­ent de la filiation seraient réactualis­és dans notre droit civil. Prenant exemple sur la loi belge, l’APGL propose que la compagne de la mère biologique dans le cadre d’une PMA soit automatiqu­ement reconnue comme la seconde mère de l’enfant à la naissance. Une présomptio­n de parenté qui vaut déjà pour les couples hétérosexu­els ayant eu recours à une inséminati­on artificiel­le. Me Mécary: «Cela permettrai­t de ne pas en passer par l’adoption et de désengorge­r les tribunaux.» D’autres associatio­ns militantes préconisen­t plutôt une reconnaiss­ance volontaire en mairie à la naissance de l’enfant pour que soit reconnu l’engagement dans un projet parental. Tous s’accordent pour dire qu’il est «impératif» que la France ne s’oppose plus à la transcript­ion complète de l’état civil des enfants nés de gestation pour autrui (GPA) à l’étranger, que les familles à plusieurs parents (les coparental­ités, par exemple) soient prises en compte et que le mariage ne soit plus un préalable à la reconnaiss­ance des familles homoparent­ales.

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