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Secrète folie

Un vibrant portrait de femme dont le terrible et mystérieux récit fait naître une violente émotion.

- Samira SEDIRA

Il est des livres que l’on aimerait pouvoir citer d’un bout à l’autre plutôt que de tenter d’en parler. Des livres dont la magie résiste, semble impossible à cerner. En très peu de pages, ils disent tant de choses. C’est le cas de Majda en aožt, livre rencontre, livre épuré jusqu’à l’os, d’une beauté déchirante. Son auteure, Samira Sedira, avait déjà signé L’Odeur des planches, un récit autobiogra­phique dans lequel la comédienne racontait comment elle était devenue femme de ménage pour ne pas rester au chômage. Trois ans plus tard, elle revient avec cet autre sublime portrait de femme. Celui de Majda, une Française de 45 ans devenue malade mentale.

Le récit commence le jour où l’on demande à ses parents, Ahmed et Fouzia, de venir chercher leur fille à l’hôpital psychiatri­que. Trois ans qu’ils ne s’étaient pas vus. Trois ans durant lesquels Majda « avait existé dans leurs pensées, mais n’avait jamais échoué aux abords des lèvres » . En ce mois d’août étouffant de chaleur et de silences, là voilà de retour chez eux, chez elle, telle un paquet encombrant dans l’appartemen­t familial où s’est enchevêtré­e son histoire, où a éclos sa folie.

Solaire et magnétique, le mystère de Majda se creuse d’abord dans un rire. Le rire de Majda est comme une explosion, un « hennisseme­nt, une bizarrerie qui vous chatouille les nerfs à la râpe, un raz-de-marée qui fait monter le rouge aux tempes, et qui toujours s’arrête net ». Majda, ce sont aussi des voix. Celles qu’elle perçoit dans sa tête lorsque s’estompe l’effet des neurolepti­ques. Pour ne plus les entendre, elle allume la télévision, et monte le son. Majda, c’est enfin

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