Le fric, c’est chic
Entre satire et comédie, l’écrivain frappe fort avec ce nouveau roman, critique du monde boursier et drôlissime à souhait.
Claude passe ses journŽes Ç au service de lÕargent È. A Dublin, en 2008, il travaille pour la banque de Torabundo et la volatilitŽ des marchŽs nÕa pas de secret pour lui. Sauver les apparences, faire croire quÕune crise financi•re ne va pas une nouvelle fois mettre les pauvres sur la paille, cÕest son gagne-pain, sa pensŽe magique. Et il aime •a. Les choses se compliquent le jour o• Paul, un Žcrivain en panne dÕinspiration, lui demande dÕ•tre son sujet dÕŽtude. Le romancier veut Žcrire un livre dont Claude serait le hŽros. Lui, lÕobscur au costume sombre, le pion sur le grand Žchiquier, ne peut rŽsister ˆ la tentation dÕune minute de gloire. Il accepte que Paul devienne lÕombre de son ombre, lÕaccompagne dans ses dŽjeuners de coll•gues, ses soirŽes alcoolisŽes et ses heures passŽes dans sa Ç nŽcropole de plexiglas È.
Apr•s Skippy dans les Žtoiles, qui dŽcrivait lÕadolescence dans toutes ses angoisses, Paul Murray sÕattaque ˆ lÕ‰ge adulte. LÕŽcrivain rend hilarante et parfaitement comprŽhensible la finance spŽculative, les endettements mondiaux et le gel des crŽdits. La Marque et le Vide est une histoire de poker menteur, de grand braquage et de petits technocrates vicieux. Baroque et barrŽ, dÕune intelligence brillante et dÕune loufoquerie irrŽsistible, ce roman nÕest jamais dŽsinvolte pour dŽcrire le chaos.
Christine Ferniot
Paul Murray,