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Madame Monsieur

Pour l’auteur, se contenter du sexe génital d’un individu pour déterminer son genre – mâle ou femelle – serait assez réducteur.

- Thierry HOQUET

« n ne naît pas femme, on le devient » : cette formule libératric­e de Simone de Beauvoir, fut le sésame du féminisme moderne. La petite fille faisait son entrée dans le monde, en un parcours balisé. Fillette modèle, femme au foyer, bonne épouse et bonne mère. L’époque a changé, certes, mais les stéréotype­s ont la vie dure. Hier, la poupée pour la petite fille et le ballon pour le garçon. Aujourd’hui Ken et Barbie. Un casting immuable. L’homme aux commandes, la femme dans les dépendance­s. Bref, si le sexe anatomique se voulait naturel, le genre était bien le produit d’une histoire. C’est le sens du mot de Freud parodiant Napoléon : « L’anatomie, c’est le destin. » Et ce destin pesait lourd dans la vie d’une femme. Enfin Judith Butler vint, figure brillante du féminisme radical pour les uns, mais aussi calamité pour les autres. Et, avec elle, ce concept de genre, souvent mal compris, en étonna plus d’un. Audelà de la guerre des sexes dans la société, élevant l’exigence critique d’un cran, les « études de genre » voulaient déconstrui­re aussi le modèle du sexe anatomique. Bref, il ne fallait plus prendre des vessies pour des lanternes. Le masculin et le féminin ne coïncidaie­nt plus nécessaire­ment avec le pénis ou le vagin. Comment en effet déterminer le sexe d’une athlète, d’une nageuse de haut niveau? Comment décider, avec quelque pertinence, de qui est mâle, qui est femelle? Au plan génétique, chromosomi­que, hormonal, à première

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