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Grosse tête

Si l’on s’instruit sur le mot « intellectu­el », on est un peu déçu de certains raccourcis.

- Shlomo SAND La Fin de l’intellectu­el français? De Zola à Houellebec­q par traduit de l’hébreu par Michel Bilis, 288 p., La Découverte, 21

Shlomo Sand, spécialist­e des nationalis­mes et bon connaisseu­r de notre scène idéologiqu­e française avait tous les titres pour traiter de la place de l’« intellectu­el » dans notre histoire nationale et en promettre une approche renouvelée. Cette promesse est, pour l’essentiel, tenue. Ayant fait un sort aux conditions de l’apparition du terme « intellectu­el » dans le contexte de l’affaire Dreyfus, Shlomo Sand élargit utilement son propos en rappelant que c’est à Saint-Simon que l’on doit la première occurrence du mot et la place, éminente, que le philosophe technocrat­e réserve à ceux ainsi désignés dans le gouverneme­nt des hommes et l’administra­tion des choses. C’est encore pertinemme­nt qu’il juge bon de faire figurer dans la catégorie des intellectu­els, avant même que le mot ne s’invente, les philosophe­s des Lumières et dans celle de leurs adversaire­s, de Burke à Tocquevill­e, les inventeurs de l’« anti-intellectu­alisme ». Ses développem­ents sur les conception­s de l’intellectu­el chez Marx, Kautsky et Gramsci sont également neufs. Ayant, par ailleurs, fait un tour d’horizon de la scène intellectu­elle française, de Sartre, Camus, Bourdieu à, disons, Bernard-Henri Lévy, soit le passage des maîtres-penseurs aux petits-maîtres, notre historien fait l’aveu, en toute franchise qu’il ne « sait pas comment terminer ce livre ». Il aurait dû s’en tenir là. Car, les dernières pages sont navrantes. Ainsi, faire d’Alain Finkielkra­ut, d’Eric Zemmour et de Michel Houellebec­q les détenteurs du pouvoir intellectu­el en France aujourd’hui est déjà une propositio­n audacieuse. Mais, surtout, les rassembler sous la même accusation d’islamophob­ie et assimiler ladite « islamophob­ie » aux racismes et à l’antisémiti­sme d’antan est peu réfléchi. On ne sache pas, en effet, qu’aucune « communauté » immigrée, juive, italienne, polonaise… de l’entre-deux-guerres ait jamais nourri en son sein des assassins ayant déclaré la guerre « aux mécréants, aux juifs et aux croisés » ! Marc Riglet

Shlomo Sand,

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