Héroïne avec un grand H

an est ce prénom qui éclate en rouge sur une mer qui semble apaisée… La couverture du livre résonne subtilement avec l’histoire de ce roman. Jan est le surnom d’une gamine que ses parents ont baptisée Janis ˆ cause d’une Ç chanteuse morte qui s’appelait Janis Joplin È. Jan se marre avec ses copains, glande un peu, pique deux ou trois trucs au supermarché, va en cours ou pas… Jan observe surtout sans complaisance les adultes. A la maison, le tableau est sombre : son p•re est au ch™mage et se réfugie dans l’alcool, sa m•re s’use ˆ vendre des chaussures pour rapporter trop peu d’argent. Les souvenirs d’une enfance douce s’éloignent, et Jan décrit avec une certaine tendresse la vie qui s’ab”me autour d’elle. Ç A mon avis, quand mon p•re écoute Joplin, il chiale autant parce qu’il a de l’émotion que parce qu’il s’apitoie sur sa vie qui ne lui rapporte pas autant qu’il l’espérait. È Mais de pleurs en disputes, d’ivresses en bagarres, les services sociaux s’en m•lent, et Jan et son petit fr•re, Arthur, se retrouvent dans un foyer puis dans une famille d’accueil. Dans sa mésaventure, Jan a un allié : Antoine Doinel ! Les images en noir et blanc de Fran•ois Truffaut accompagnent habilement le récit. Au-delˆ du roman social, cette histoire est avant tout la rencontre avec une héro•ne que l’on peut glisser dans sa poche une fois le livre terminé. Une fonceuse, une déterminée… La romanci•re Claudine Desmarteau ( Le Petit Gus, Troubles…) a pourvu sa narratrice d’une langue singuli•re. Jan a sa fa•on de parler, ses jeux de mots, et sa Ç liste d’instrucsion a respecté dans l’ordre È est bourrée de fautes géniales. Le fran•ais s’emm•le, les pépites fusent et le p•re de Jan se retrouve avec des Ç grammes dans le sang et le visage tout méfié È. Mais Jan l’insoumise va tracer sa route… R.B.

Claudine Desmarteau,

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