Michel Blanc*
L« orsque je ne suis pas dans une période active d’écriture, j’aime me plonger dans les livres, à la fois pour le plaisir et pour la recherche d’oeuvres éventuellement adaptables – comme ce fut le cas pour Vacances anglaises de Joseph Connolly (devenu au cinéma Embrassez qui vous voudrez) et Un petit boulot de Iain Levison. Je me souviens m’être jeté sur Ravel de Jean Echenoz dès sa parution, rêvant depuis des années de faire un film sur la musique. Même s’il est très bien construit, cet ouvrage, remarquable et bouleversant, m’a semblé inadaptable : le projet aurait coûté très cher, et il n’est hélas pas certain que la vie d’un compositeur comme Ravel intéresse les foules… Récemment, j’ai aussi apprécié D’après une histoire vraie de Delphine de Vigan, d’autant que j’avais déjà raconté, dans Grosse Fatigue, l’histoire de quelqu’un qui se fait subtiliser sa personnalité par quelqu’un d’autre. Il me semble toutefois que sa réflexion sur la vérité et la fiction sera difficile à transposer, sous peine de trahir le texte et de perdre en intensité dramatique. De toute manière, après avoir adapté des pièces de Neil Simon ou d’Alan Ayckbourn et travaillé sur Mauvaise Passe avec Hanif Kureishi – je suis fou de son Bouddha de banlieue –, je crois que je suis naturellement plus sensible aux auteurs anglo- saxons, en particulier Jonathan Coe et Ian McEwan. Je garde un grand souvenir de l’accident de montgolfière de Délire d’amour ! Les Français sont davantage préoccupés par la recherche stylistique là où, par exemple, les Anglais n’oublient jamais une dimension disons “scénaristique”. Aussi, je vous recommande les ouvrages de l’Américain Augusten Burroughs, qui possède une imagination névrotique formidable. Lisez absolument Déboire, qui pourrait donner lieu un film passionnant… »
Propos recueillis par Baptiste Liger
* A l’affiche d’Un
(en salles le 31 août).