L’objet pensant
Un traitement de la philosophie dans toutes ses dimensions.
Après Cours sur la perception (2006), Communication et information (2010), Sur la technique (2014), Imagination et invention (2014) et Sur la psychologie (2015), Sur la philosophie sÕinscrit dans la sŽrie des textes en partie posthumes de Gilbert Simondon ŽditŽs par les Puf. LÕÏuvre originale de ce thŽoricien de lÕobjet technique et de lÕindividuation suscite un intŽr•t croissant comme en tŽmoigne la multiplication des traductions et des Žtudes qui lui sont consacrŽes dans le monde. Dans Sur la philosophie, qui rŽunit des textes de nature diverse (cours, Žtudes, notes, etc.) et trois chapitres qui devaient initialement faire partie de lÕun de ses deux grands livres ( Du mode d’existence des objets techniques et L’Individuation à la lumière des notions de forme et d’information), Simondon traite sous diffŽrents aspects, parfois de manière oblique, de la philosophie telle quÕil la concevait, de ses rapports avec lÕhistoire de la pensŽe (Ç Sciences de la nature et sciences de lÕhomme È), avec lÕŽpistŽmologie (de la cybernŽtique notamment), de sa portŽe culturelle et politique enfin. Sur la philosophie montre en quoi les rŽflexions de Simondon sur lÕobjet technique constituent un modèle gŽnŽral dÕintelligibilitŽ pour la connaissance et une norme pour lÕaction. Loin dÕ•tre uniquement centrŽe sur lÕobjet technique, sa pensŽe engage ainsi une rŽflexion sur la philosophie dans toutes ses dimensions. Le lecteur y trouvera m•me des ŽlŽments dÕune philosophie de lÕhistoire qui se distingue notamment par lÕespoir (et la conviction) que lÕon peut penser le progrès sans pour autant faire de la nŽgativitŽ son moteur.
Jean Montenot
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Professeur ˆ lÕEcole des hautes Žtudes en sciences sociales, ayant jadis travaillŽ avec Jacques Le Goff sur les reprŽsentations mŽdiŽvales de lÕenfer et, par ailleurs, spŽcialiste engagŽ des zapatistes du Chiapas, JŽr™me Baschet mène avec Corps et âmes une enqu•te comparative sur les conceptions mŽdiŽvales de lÕ‰me et du corps. Il y bat en brèche le lieu commun simplificateur qui Ð sÕautorisant notamment de saint Paul et de saint Augustin Ð tend ˆ rŽduire la pensŽe mŽdiŽvale de la personne ˆ lÕopposition conflictuelle entre la chair corrompue et lÕesprit salvateur. AnimŽe par une Ç dynamique anti-dualiste qui pousse ˆ concevoir de manière toujours plus positive la relation de lÕ‰me et du corps È, la pensŽe mŽdiŽvale, revisitŽe dans la perspective dÕune dŽfinition de la personne comme Ç •tre social individuŽ È, affirmerait en fait lÕunitŽ psychosomatique de la personne humaine.
Voici un tout petit livre grandement prŽcieux. Il sÕattache ˆ analyser un aspect de la doxa Žcologique considŽrŽe pour ce quÕelle est : une idŽologie. Comme toute idŽologie, la Ç pensŽe È Žcologique est, tout ˆ la fois, un reflet du monde rŽel et une fabrication de mythes. Bruno Tertrais, en politologue scrupuleux, nous invite alors ˆ regarder de près lÕun de ces mythes : celui des Ç guerres climatiques È que les changements de climat nous promettraient.
Notons dÕemblŽe que lÕauteur ne discute pas de la question m•me du Ç changement climatique È et, moins encore, de lÕŽventuel rŽchauffement de la planète. On ne saurait donc, sans examen, le ranger dans la catŽgorie disqualifiŽe Retra• ant ˆ grands traits les reprŽsentations mŽdiŽvales de la personne ˆ travers non seulement ses dimensions philosophiques, religieuses, sociales ou sexuelles, mais encore ses enjeux eschatologiques (quÕen est-il de la personne dans lÕau-delˆ ?), ses aspects iconiques ( voir les intŽressantes remarques sur les figurations Ç somatomorphes È de lÕ‰me), lÕouvrage permet dÕŽclairer la Ç singularitŽ civilisationnelle È de lÕOccident ˆ nouveaux frais, se rŽfŽrant notamment ˆ lÕanthropologie de Philippe Descola et aux conceptions de lÕindividuation dŽveloppŽes par Gilbert Simondon, et il invite ˆ forger une reprŽsentation transindividuelle et non Žgo•que de lÕindividu humain. Bref, un livre suggestif. J.M.
Gilbert Simondon, Jérôme Baschet,
des Ç climatosceptiques È. Non, ce ˆ quoi il sÕattache, en sÕappuyant sur de nombreuses Žtudes, nationales et internationales, cÕest de savoir si lÕon peut Žtablir des corrŽlations pertinentes entre variables climatiques et facteurs belligènes. Et la rŽponse est clairement non. Avec de nombreux auteurs, Bruno Tertrais peut soutenir Ç quÕil nÕest pas possible dÕidentifier une relation de causalitŽ entre changement environnemental [É] et conflit armŽ È. Ou encore que lÕenvironnement est un Ç facteur non essentiel [É] un parmi une myriade dÕautres dans le tissu de relations de causalitŽ qui explique les conflits È. Bref, ce sont le politique, lÕethnique et lÕŽconomique qui restent bien au principe des conflits armŽs. Et pour nous le rappeler, lÕauteur a cette jolie formule : Ç La nature de lÕEtat est bien plus importante que lÕŽtat de la Nature. È Marc Riglet
Bruno Tertrais,