Helena NOGUERRA*
Le premier roman que je me souviens avoir lu est une aventure de Oui- oui suivie d’une histoire de la comtesse de Ségur et d’un volume du Club des cinq. Je dévorais les livres. Au moins quatre par semaine – il faut dire que mon père s’occupait d’une bibliothèque, en Belgique… A 12 ans, une prof de français nous avait imposé La Nuit des enfants rois de Bernard Lenteric. Je m’ennuyais terriblement avec cette histoire de petits génies et, pour contester ce choix, je suis allé voir cette enseignante et lui ai proposé, en lieu et place, de découvrir Le Journal d’une femme de chambre d’Octave Mirbeau ! [rires] Dès lors, la lecture a rimé pour moi avec indépendance et désobéissance. Ainsi, j’apprécie la simplicité narrative de Sagan, la singularité de Duras, l’humilité devant le quotidien d’Emmanuel Bove. Je pourrais également vous parler de la “voix” de Michel Houellebecq, de l’intelligence aiguë de Christine Angot et de la grâce violente de Virginie Despentes. J’oubliais : j’ai aussi un amour inconditionnel pour Boris Vian ! En ce moment, je suis en train de lire Belle d’amour de Franz- Olivier Giesbert – pour le titre et pour le portrait d’une femme solide et indépendante. Comme j’aime tout ce qu’écrit Anne Wiazemsky – tout autant que ce qu’elle est –, j’ai aussi avec moi Un saint homme. Enfin, je ne peux pas m’empêcher d’évoquer le livre le plus romantique, l’histoire d’amour la plus belle au monde parce que vraie : Le Testament amoureux de Serge Rezvani. Une ode à l’amour. Celui dont on rêve. Celui que l’on veut. Que l’on cherche. J’ai écrit à Serge quand j’avais 29 ans, et il me répondait. Nous avons fini par nous rencontrer, des années plus tard, et un album, Fraise vanille, est né de ces chemins qui se sont croisés. Il est devenu mon ami et, dès lors, il est la preuve que les romans deviennent parfois la vie. »
Propos recueillis par Baptiste Liger * Dernier roman paru : Ciao Amore (Flammarion)