HANNELORE CAYRE
Avocate pénaliste, Hannelore Cayre a raconté dans trois romans truculents (et un long-métrage) le quotidien des Commis d’office, tâcherons de la justice face aux carriéristes prêts à toutes les indélicatesses pour parvenir au sommet. Avec La Daronne, on retrouve le même plaisir satirique et pétillant avec une héroïne inattendue, Patience, veuve Portefeux, qui grâce à sa parfaite maîtrise de l’arabe sert d’interprète aux tribunaux. Payée au noir par le ministère, elle devient une spécialiste des écoutes téléphoniques, préférant les histoires de trafic de stupéfiants aux affaires de terrorisme. Entre ses enfants à élever, sa mère dans un mouroir et ses fins de mois difficiles, Patience ne résiste pas longtemps à une combine juteuse qui va lui permettre de s’éloigner de la précarité des travailleurs indépendants. Et cette chère Patience est douée, pas trop regardante à l’égard de la morale officielle et très rapide pour prendre les bonnes décisions.
Mené tambour battant, La Daronne est un grand bonheur de lecture avec son comptant de mauvais esprit lié à une parfaite connaissance de la police et de la justice. Tout le monde se fait joyeusement égratigner : les flics combinards, les juges indifférents, les trafiquants misogynes et crétins. Sans parler des maisons de retraite où les vieux meurent dans la crasse et l’indifférence. Drôle, piquante, avec ce qu’il faut de méchanceté clairvoyante, cette daronne a tout de même le coeur tendre, une conception très particulière du métier, mais surtout un sens de l’humour et de l’observation qui rafraîchit les neurones.
LA DARONNE par Hannelore Cayre, 176 p., Métailié/Noir, 17 €