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J. P. DELANEY

- H.A.

Ne pas se fier aux apparences : derrière l’énigmatiqu­e « J. P. Delaney » se dissimule l’Anglais Tony Strong, que nous avions déjà lu deux fois en France ( L’Appât et Un mauvais rêve, parus aux Presses de la Cité en 2002 et 2005). Par-delà cet artefact un peu gros, La Fille d’avant s’affirme comme un thriller psychologi­que dans la droite ligne de succès récents tels Les Apparences de Gillian Flynn, Avant d’aller dormir de S. J. Watson et autres Fille du train de Paula Hawkins. Voici l’histoire de deux femmes, Jane et Emma. Nous sommes à Londres, et la première cherche à refaire sa vie après avoir perdu son bébé et quitté son travail. Quoi de mieux pour cela que de déménager ? C’est d’ailleurs ce que veut aussi la seconde, à la recherche d’une demeure dans un quartier sûr après un cambriolag­e traumatisa­nt. Les deux Londonienn­es vont craquer pour une maison d’architecte ultra-connectée: la lumière et la températur­e de la douche varient selon l’heure du jour ou votre humeur personnell­e, calculée par un bracelet que vous portez en permanence. Les deux femmes en rêvent d’autant plus que le loyer est très modeste – trop pour ne pas être louche. Pour signer le bail, il faut répondre à un questionna­ire des plus retors et respecter des dizaines de règles de plus en plus arbitraire­s. Jusqu’où les deux femmes serontelle­s prêtes à aller pour correspond­re aux parfaites locataires ? Pour accéder à la maison de leurs rêves, vont-elles se réaliser ou au contraire se mentir et se trahir ? Composé au rythme des questions tests qui deviennent une sorte de Cluedo romancé, le récit alterne les chapitres concernant chacune des aspirantes. Souvent très courts, ils montrent leur passé, leur vie, ce qu’elles dissimulen­t et ce qu’elles (s’)inventent. Mais ils révèlent aussi la mémoire d’un lieu central et fatal : cette demeure. Ajoutez à cela que l’auteur brouille rapidement les espaces-temps, et vous obtenez un engrenage plus original qu’il n’y paraît. Malgré une tendance à trop jouer sur les différente­s facettes des protagonis­tes et à délaisser les autres personnage­s, saluons un thriller psychologi­que qui sait semer le trouble chez le lecteur. La Fille d’avant ravira les amoureux de romans à suspense où tout se tend comme un arc.

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 ?? LA FILLE D’AVANT (The Girl Before) par J. P. Delaney, traduit de l’anglais par Jean Esch, 432 p, Mazarine, 21,90 € ??
LA FILLE D’AVANT (The Girl Before) par J. P. Delaney, traduit de l’anglais par Jean Esch, 432 p, Mazarine, 21,90 €

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