Dans ta gueule
Pan, pan, pan… Les phrases sont courtes, scandées, efficaces. Au fil des premières pages, une mystérieuse ambiance se met en place. Le lecteur sera d’abord surpris par l’emploi de la deuxième personne du singulier. Difficile dans ces conditions de ne pas s’identifier au héros. La première scène est cinématographique : on avance dans une cour de collège, enveloppé du dédain que le héros semble porter aux autres élèves, on se rapproche, toujours collé à ses basques, d’un petit groupe… « Tu t’es fixé un but. Alors tu y vas de ton “Un-deux-trois.” “Ba-Ba-Bam!” comme tu répètes souvent dans ta tête. Trois coups dans le ventre. Personne ne tape aussi vite et aussi fort que toi. C’est ton truc. “Ba-Ba-Bam!” Plutôt dans le ventre quand tu es au bahut. Eviter que ça se voie pour éviter les ennuis. » La violence est envahissante, portée par la précision des mots et la concision. Pendant une petite soixantaine de pages, on suit Blaise, ce personnage solitaire, en colère, révolté contre tout et tous. Exclu une semaine, il zone, trouve des potes et picole. Personne n’est épargné, ni le prof de français ni la mère effondrée et dépassée. Pourtant, quand ce pitbull est réveillé presque chaque nuit par un cauchemar, il pleure, seul, perdu. Comme un enfant. Que s’est- il passé ? Quel secret l’empêche de grandir sereinement ? A qui en veut-il autant ? Qui est cette personne qui semble l’observer refuser la vie et l’aide des autres? Le style est redoutable et le lecteur ne lâche rien jusqu’à la larme finale. Raphaële Botte