Vera Michalski
Nommée il y a quelques mois ambassadrice de bonne volonté de l’Unesco, l’éditrice promeut la Journée mondiale du livre, organisée le 23 avril prochain.
Qu’est-ce que la Journée mondiale du livre?
C’est une initiative lancée en Cata - logne il y a quelques années, et qui célèbre chaque 23 avril – jour de la mort de Shakespeare et de Cervantès – le livre et la lecture. Des manifestations sont encouragées partout dans le monde, et en particulier dans une ville, nommée capitale du livre pour un an. Après Wroclaw en 2016, c’est Conakry qui sera cette année au coeur de la manifestation. La Guinée est un pays qui ne dispose d’aucune structure éditoriale, ce qui pose un vrai problème d’accès au livre pour la population scolaire. Nous souhaitons donc y favoriser l’alphabétisation, en plus de l’aide à la publication et de la protection du droit d’auteur. Cette journée a ainsi pour objectif de consacrer le livre comme vecteur culturel.
Le même jour se tiendra le premier tour de l’élection présidentielle en France. Qu’espérez-vous de cette élection en matière de politique culturelle?
La politique culturelle est, hélas, trop absente de la campagne. Or il ne faut surtout pas négliger les livres et la culture, car c’est bien souvent le premier secteur où l’on fait des économies. J’ai créé les éditions Noir sur Blanc il y a trente ans, car j’étais convaincue que la culture pouvait servir à détruire les stéréotypes, à faire connaître les mentali- tés, les motivations, le ressenti des individus de part et d’autre du rideau de fer. Un excellent roman sera toujours plus efficace pour cela qu’un mauvais article ou qu’un essai un peu trop biaisé.
Quelles mesures proposeriez-vous pour le livre?
Il faudrait selon moi veiller davantage à la rémunération des auteurs : l’économie du livre est fondée sur le travail des auteurs, et ils sont souvent les plus négligés. Il faut aussi faciliter l’accès aux livres des gens qui n’y sont pas couramment confrontés, notamment par l’événementiel, l’organisation de salons ou d’expositions autour de la vie littéraire. Il faut, surtout, ne pas s’avouer vaincu : la France peut se targuer d’avoir un secteur éditorial plus solide que dans bien d’autres pays. Ici, on voit encore arriver des jeunes gens suffisamment passionnés pour oser lancer des maisons d’édition ou ouvrir des librairies. C’est un vrai message d’espoir
Propos recueillis par Julien Bisson Plus d’informations sur : www.unesco.org