Le Dit du Genji
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L’AUTEURE. Membre d’une famille de poètes, Murasaki Shikibu (vers 978-vers 1014) a pu commencer la rédaction de son oeuvre autour de l’an 1000, après la mort de son mari. Réputée pour ses talents littéraires (elle laissera également derrière elle des poèmes et un journal), Murasaki devint dame de compagnie de la jeune impératrice Shoshi et connut à ses côtés la vie de la cour, à Kyoto. A partir de 1011, elle se retira avec elle à Biwa, où elle mourut quelques années plus tard. Son nom reste lié à celui du personnage féminin principal du livre.
LE LIVRE.
Epais de plus de mille pages, ce récit ancré dans le Japon de l’ère Heian chronique les aventures de Genji le Radieux, un prince écarté de la succession par son père, mais qui, par son astuce, grimpera dans la hiérarchie jusqu’à diriger l’empire. Homme de goût et de poésie, il saura notamment user de ses charmes pour séduire les plus belles femmes de la cour…
LA CRÉATION DU ROMAN MODERNE.
Premier roman psychologique au monde, Le Dit du Genji propose, sous couvert de tradition, un récit d’une stupéfiante modernité. Critique incisive des moeurs décadentes de la cour, le roman présente une maîtrise de la narration, une unité et une complexité uniques pour l’époque. Surtout, à travers ses quelque quatre cents personnages, il offre une galerie de portraits et de thématiques qui irrigueront, ensuite, la littérature mondiale : domination masculine, mari jaloux, femme bafouée, rôle de l’argent, fascination du pouvoir, différences sociales… Pilier de la culture japonaise tout au long du dernier millénaire, l’ouvrage n’a connu une diffusion en Occident qu’à partir du XXe siècle, recevant les louanges de Jorge Luis Borges notamment.